Smithsonian Institution Libraries

GIÉE Of

THE SIL BOARD

1999

: CE 10

4, TE EN, À © 27 L'ENTT LORS LE TO ASUS TARA va, dl JA Le ns EVA 9 FACE 2% . i 2 0 "0 Re à L'AELTS 1e | 74 À j ; re Ë ‘# % À ef # RU { F # A “LME ni ÿ 1 # F é ; ne À 6 î

Fa M E R ÉFQ Un: SEPTENTRIONALE.

; ME

PAUL CONTIENT _ L'Hiftoire des Iroquois , leurs Mœurs , leurs Aaximes , leurs Cédrunies, leur Gouvér-\ nement, Dis Interêts avec Fe Anglois leurs Alliez , tous les mouvemens de ouerre de-

- puis 1689. jufqu'en 1701. leurs Négocia- tions , leurs Ambaffades pour la Paix gene-

rale avec les François, & les peuples Alliez de la Nouvelle France,

Par Mr, DE LA Poruente, &e di TOME “HPE R # _ Enrichie de Figures, e no $ JEAN. duë AVE , au premier Pavil- Chez lon des quatre N (ose Ste. Monique,

FRANCOIS DIDOT , » à l'entrée du JR Quai des. Auguftins à la Bible d’or, miss Ne ul M. DCcC C A db « tir - AVEC Aprobation ES Prin ilege du Rojs

LOTS re

RSS RS RARES (CHEN & A 29 ASS ZE

PREFACE

? Uand on parle en France

Re at des froquois l'on s'imagine

Nov que ce font des Barbares, Re soûjours avides du. fang

rt Erreur, Le caractere que je

veux donner de cette Nation, fi con- forme à ce qu'elle eft en éfer, ch bien

différent des préjugez que Von: S'éh

forme : c'eftla Nation la plus fire & la plus redoutable de Amerique

_ Septentrionale 5 Nation en même

EE. = / #7

ee

temps la plus politique & la plus ja

dicieufe que lon puifle conaottre,

En. éfet . elle a affaire avec les Fran- çois les Anglois,& prefque tous les peuples de ce vafte continent.

Les Anglois font crop heureux de “péchercher leur dmitié , les froquois

Tome LIT.

PREFACE. ur

‘en font convaincus par tous les pres fens que le General de la Nouvel le Angleterre envoye fouvent aux grands Chefs de guerre de cette Na: _ tion pour entretenir une alliance con- _flanté ; ménagemént qui feul les em- pêche de fe leparer - d'eux lors que nous avons la guerre avec l'An- . gleterre ; car ils font également ar- tentifs à ce aue les Fiançois ne truifent pas abfolament les Anglois,

& que les premiers ne foient pas dés truits par ceux-ci.

À notre égard nous les eftimons pour leur valeur, & ce font des peu- F veritablement braves , nos Alliez

même fe trouvent dans de rerribles à embarras lors que les Iroquoi cher- chent à fufcicer des PE guerre.

On verra dans cet Ouvrage Jeurs Murs & leurs Maximes ; j'ai crù être obligé d'abord de faire connoître par à ce que c'étoit que ces cinq Nations Iroquoifes. Je me fuis fervi de la thode Epiftolaire pour HSNSIPRSF an-

RRENACÉ : | ie

_hées par années tous les mouvemens

. de la derniere guerre qu ilyaeüen< treux & nous ; & nos Alliez. Lon ny verra point ce qui s'eft & fe void dans l'Europe ; des Batailles fem- _blables de Flerus , de Stinkerque , de _ Nervvinde , de Srafarde , de Malpla- quer & Hs: tant de milliers d'hommes ont répandu leur fang fur ‘un Champ de Bataille. Cette Nation eft crés-peu nombreufe , elle ne laifle pas ce neanmoins d'inquieter & de _ harceler toute Amerique Septen- _wionalle,

. Je rapporte generalement tous Les ee de guerre de part & d'autre, jy. introduits tous nos Allez ; jy faits connoicre les interêts des uns & des autres , leur Genie , leur Caractere , & leur Politique. Y'avoué que je fuis. un,peu prolize dans cet Ouvrage, mais tous ces Pourparlers, ces Ha- rangués , «& ces Expreflions méra- . phoriques , ont quelque chofe de fi

nt ingalier > qu'en marierc de Sauvages HA 2

"

PREFACEÆ

. mon but eft de fairé voir, enles rapors

_ tant,que toutes ces Nations ne {ont

point ce que l'on en j1ge en France.

Jai crû d'ailleurs qu'en diminuant: cet Ouvrage pluñieurs Offriers ct Canada auroient lieu de fe plaindre de moi de les avoir mis en oubli. _ La guerre que nous avons eué avec cette terrible Nationceît trop cruelle pour pas citer jufques au dernier Subalterne & Habitant même qui y ont part. Il eft jafte de tranfinet- tre à la pofterité ce qu'ils ont tous fait & fobürenu pour la gloire du Roi. Je fçai qu'an Auteur qui m'a préce- _déa penfé & écrit antrement que moi fur le Canada, mais je n'ai rien ici à dire autre chofé fur fon chapi- -tre, finon que pour moi jai faituné efpece de vœu de ne penfer ny de Pres que conformément à la veé- rité & à la juftice, dûé au nager des hommes.

SES

ET EXPRESS! ONS DES SAUVAGES

_— & À Æéche eft le fimbole de

la Guerre.

Se 5, Lier la Hache de Guerre, . Cdt faire fufbenfion d'armes. Affiler la Hache, c’eft voalonr « COM Cmencer une Grirrei te | * etter la Hache dans le plus pro- . fond de la terre, c'eft ne plus en- ‘tendre parler de Guerre. Repécher la Hache d'une be, | tu ef recommencer la G Here. | Orer la Éache, c'e } faire celjer les attaques x. des bofhlitez de l& * Guerre. Tetter la Hache au Ciel, ke ‘né _ une Guerre OHVET ES. & 3

+

315 Termes: é-Expreffions Baiffer la Hache , C'eft faire ceffaz tion d'armes. LR don | Reprendre la. Hache ; c'eft recom» mencer la Guerre. - Le Attacher la Hache à la porte, c'eft faire un dif. Le Un mort qui couvre un mort , Ceft la vengeance que l'on à faite pour _ de mort, Fr ii Laifler repofer un homme mort , c'eft céjferer vengér fa mort. Couvrir un mort ,c'eft lui rendre les derniers honneurs par l'éloge que lon-fait de Jes belles a£hions. : æ Aller vor les os d'un homme mort, c'eft chercher les occafions de: ven- _ger Ja mort. pe. Fumer paifiblèment dans le même Calumer avec une Nation ; c'eft _ Être dans uhe parfaite union. Fumer le Soleil , c'eft. lui faire un Sacrifice. La G Aïtacher le Soleil , c'eft faire. la Paix. | “:: Rattacher le Soleil , c'eft refaire une

des Sauvages.

Faire un même Feu , c’eft être d'u- ne même Narion. À Boucher le Chemin d'un lien à un . autre, Cet rompre les deffeins les mefures de quelqu'un. Déboucher un Chemin , Ceft donner un acheminement au fuccez d'u- AIST AL:1C 0 ANNEES \ Applamr le Chemin d'un lieu, c'ef empêcher que l'on ne faffe des ex- Dedrions militaires. Nc Arriver fur la Natte de quelqu'un, ceft arriver chez. lus TVne INatte teinte de. fans, c'ef + avoir. eu des perfonnes tuécs à la + Guerres AE SOA TOUR Nettoyer une Natre teinte de fang, C'eft appaifer la douleur que l'on à des perfonnes tuées a la Guerre. Préparer la Naïte pour quelqu'un , . C'efé être près de ‘lé recevoir chez.

. OL, | Fumer fur la Naïte, cet jour _ d'une profonde Paix. Placer le Feu de Paix €a des bon- nes affaires ; c'eft chaifir un lieu

QT

Termes & Expreflions | pour parler d’accommodement ow

de Paix.

Planter l'Arbre de Paix fur la plus

baute montagne de la terre ; Cet faire la Paix generale.

Rédreffer l'Arbre de Paix, C'eft rés

tablir la Paix. Mb:

Délier quelqu'un par un Collier "3

C'eft procurer la liberté à un Pri- _fonmier de Guerre. <a Envoyer un Coll: |

traiter d'une affaire fecrette , om dans le fecrer. | | Garder le Sac des Colliers fur l4 - ANatte, ceft attendre le moment

favorable pour déliberer d'affaires.

Envoyer porter un Collier, c'eft enx

voyer quelqu'un pour parler d'af- _fasres on de Paix | | Ainfis |

Un Collier c'eft #n°Porte-paroles,

on un Contrat , qui a la mème vertu que Célut que lon feros par devant Notaire. sn à

Propofer #ne Chaudiere:, c'eft propos

“fer une entrebrife mifrasres

_

er Jous terre, C'eft

=

des Sauvages. | | Métite à à la Chaudiere : , c'eft brâlé un bomme.

Faire Chaudiere ; c'eft vivre enfens- Le

_ ble de bonne union.

Rompre la Chaudiere , c “ef? fe broiéil.

| ler tont a 1 fait.

Tirer un bomme de la Chaudiere

_C'eft lui donner la vie. N'entendre pas l'affaire, c in être

pas au fait d'uné affaire >50# ne pas comprendre ce que l'on dit ; ou ce que l'on vent dire.

Garder de méchantes affaires dans Jon ventre; c ef? conferver une imi- .maitié fecrete contre quelqu’ LE

Les feuilles font rouges, caf être . dans l'Automne.

Efîre maître du Fer,c'eft être miai- fre de toutes les chofes necejfaires - a la Gaerre:

Broixiller la Terre ,c'eft chercher des querelles des fajets de Guerre. Gâter la Terre d'un liew, C’eft faire

trruption quelque part.

Lever ou tourner le Caffe tête contre

ue Bation,e]t 1 Lui déclarer la guérre.

Termes & Exprefions des Sauvages Jujpendre le Cal]e-rêre , c’eft fufpen- fon d'armes: 7) RSR LVn Déconvreur eff un homme qui va reconnoître un Païtt. . L/n Coureur de Bois, c'eft un Cana- den qui parcourt les Nations pour commercer de la Pelleteries Faire Coup, c'eft tuër on faire quelz ques prifennicers de Guerre. | Manger quelqu'un , Cet le tuër a la Guerre. Cafer une tête ; c'eft tuër un homme a la Guerre. Enlever une Chevelure, c'eft par le moyen d'un coûtean faire tout le tour de la tête, én emborter en #ne- me temps la peau Es les cheveux. Se Matacher le vifage, c'eji Je pein« dre le vifage. MCE Boire du Boiñllon de quelqu'un , c'eft _bräler un Prifonnier de Guerre. . Envoyer prier quelqu'un de vemr boire du Bouillon d'un homme, c'eft prier de venir le. braler , ow de le voir bruler. | “Attacher 1n homme aw Poteau; 'éefl: le brhler) 1] Lac 68, ste

DES MOEURS

| ET: Di

GUERRES DES IROQUOIS, | CON TR E DA

“NOUVELLE FRANCE,

ET SES ALLIEZ

LETTRE PREMIERE,

NTI ONSEICNEUR,

| } Le droit que VOUS avez far Ja Nouvelle France par vorre miniltere, me

2 À Rifdre Le Maœurs-

donne lieu de vous parler des Iroquois, a plus belliqueufe Nation de toute l'Ame- | rique Septentrionale, je fçai que vous n'é- tes point dans Perreur publique dela Fran- ce qui croit que l’Iroquois doit être dé- finiun mangeur de chair humaine, efpe- £e d'homme qui dans fon tronc d’ arbre eft à l’afuût de quelque figure humaine pour le faifir & en faire fon repas. Cene

fut jamais-là le caraétere des Iroquois, chacunle verra par cetre Defcription que jai l honneur de vous envoyer ; elle vous eft dûé , Monfeigneur , par toutes fortes d’ endroits {ur"tout par un titre dont il m'eft glorieux de conferver toûjours la memoire, mais qu'un Ameriquain ne fçait pas exprimer aflez délicatement pour l’a- peller par fon nom. Si votre Filleul, mon petit Amériquain, avoit été en France il VOUS. auroit remis lui-même cette Lettre, -& il auroit auffi prefénté à Madame de Maintenon , fa Maraine, l'Hiftoire de la Nouvelle France. Recevez donc, Mon- à feigneur, s’il vous plaît, ce qu'aucun Au- teur , juiqu'a à prefent, n'a fait connoitre

fide lement à la France, el Jamais ces peuples n’ont fair plus écla- ter leur valeur que depuis dix à douze ans, Jes François ont avoié eux-mêmes qu'ils étoient nez pour la guerre , & quelques | maux

Œ Alaximes des Troguois. &

maux qu'ils nous ayent faits nous les a-

vons toûjours eftimez. | C |

LE

L'opinion commune eft qu'il n’y a ja- mais parmi eux plus de cinq Nations,

quoi qu'ils’en foit trouvé une dans la Vir-

ginie qui parloit leur langue, & qui leur

étoit auparavant inconnue , ils ne la dé-

couvrirent qu'aprés qu'ils eurent porté la

guerre bien loin hors de leurs limites , & ils fe fervirent de la conformité du lan- gage pour les attirer à eux.

Ceux qui font plus proche des Anglois

font les Aniez, , à vingt lieuës de environ ( car les Geometres n’ont pas en. core mefuré cette terre ) fontles Awne- gonts ; & à deux journées plus loin fonc les Ononragues » qui ont pour voifins les Goyagauins : enfin les derniers font les

Tjonnontonans , qui font à cent lieuës des

Anglois. Lie | | 4 Si l’on ne confideroit que le Ciel, leur climat devroit être fort doux, la nége y

fond des la fin de Février ; maïs faifant re

flexion fur la ficuarion du lieu il y fait auffi froid qu'a Quebec. C’eft un païs monta- gneux , quoi qu'il n'y ait pas de néges au Printemps, cependant la terre ne poule point , il faur avoüer qu'il y a quelque difference entre ce païs-là & ceux quifont plus Nord. Ceux qui voyagent au mois

Tome IL, | | |

US 4

Hifroire des Hal he ) Mai fur le Lac Ontario, autrement Frongenac , s'apperçoivenr aifément de cette difference, car la côte du Nord eft nuë & fterile ; au Line que celle du Sud ef | parée ati verds, cependant il n'y a que deux lieuës de difañse de l’un à l'au- tre. Les Iroquois ne fement leur bled d'In- de qu'au mois de Mai, il y géle quelque- fois tous les mois de Hénrde - mais cela n'eft pas ordinaire : le bled y eft “Led & les épics longs. Les Citroüilles & les Melons d'eau fort fucrez , d'une groffeur extraor- dinaire: ils y ont “Lime de bi graine qu'ils _avoient apporté des Ifles Neuves , & les Melons en font fort gros, charnus & bien rouges.

n'y a rien de plus fauvage que ces peu- ples en matiere de Religion : : quand on leur demande ce qu’ils entendent quand ils invoquent Agriskoné ; ou, Tharonkia- oxagon , ils ne donnent aucunes idées di- ftinctes de ce qu'ils penfent ls jetrenr du tabac dans le feu dans l’eau en paffane devant une Roche , mais quand on leur demande la raifon pour laquelle ils font cela ,ils ne difent que des Fables, bien “ils répondent que nous n *entendons pas l'affaire : ils difent'auffi que puifque ils nous écoutent fans nous interrompre lors que pus leur parlons « de notre Religion,

. © Maximes des Troquois. 3

. fious devons aufli les Écouter de mêmes

La crainte du mal l'efperance du bien les engagent dans ces pratiques {u-

* perfhitieufes, Ils ont des Sorciers qui font fans forrileges, ce font plürôt des Joüeurs

de Paie. palle. Ils ont des Medecins qu'ils appellent Jongleurs qui n'entendent rien aux maladies internes, mais qui font des Cures admirables pour les playes , avec des hërbes ou de l'écorce d'arbres. | _ S'il fe rencontre quelqu'un parmi eux

qui ne tienne pas Fimmortalité de lame, il n'eft pas fuivi, on le laïfle faire , & on le laifle dire : mais le commun eft d’un

_ autre fentiment. Ils onë un Paradis qu’ils apellent le Païs des Ames, ils fe le repre- _ fentent comme un beau païs tout eft

materiel ,& les Amés font revêcuës de

corps ils croyent qu’elles ne fouffrene

point , & que fi ce font les Ames de leurs Efclaves , elles font aufli leurs Éfclaves ; maïs ils ne reconnoillent pas de peines pour les crimes. : Toutes leurs connoiflances touchant la Creation du monde & l’autre vie ne fonc que des idées confufes & mêlées de fa bles, dont tes Miffionnaires ne laiffent pas de fe fervir pour les inftruire, les éclairer, & leur faire reconnoître la verité qui s’eft éclipfée parmi eux. en | | B 2

Es

en Hrifoire des M œurs

: Pour conferver ce phantôme de Reli- gion ils ont établi une coûtume de s’affem- bler de trois en trois ans,& traitent de plu- fieurs affaires dans ces aflemblées, en- tr'autres deila Religion ; ils prient le Soleil de leur donner des jours heureux fans dire fi c'eft un Dieu, & on ne remarque pas qu'ils lui Ro aucune qualité Divine,

Ils rêvent beaucoup & l'on diroit que le Songe feroit leur Dieu. Le Songe n'eft au- tre chofe, Monfeigneur, à les entendre parler que leur Ame qui fort de leur corps pendant le fommeil ;'mais cette fortie ne fe fait pas pour toûjours. Cette Ame va” chercher quelque chofe qui lui foit agrea- ble ; quand elle l’a trouvé elle veut l’a. voir. Quand l'homme penfe à avoir cela, & quil ne s'en met pas en peine, l'Ame s afllige & elle menace le corps de fortir pour toûjours : c’eft pour cela qu'ils hono- rent le Songe, & font ce qu'ils peuvent pour le contenter. Ils apellent les Jon- gleurs quand ils font malades afin qu'ils devinent ce que l'Ame demande ; ils font jeûner les enfans afin de les faire rêver , & de favoir par ce que leur Âme de- mande , fi c'eft un oifeau, ou un fruit, ou une “robe, ou un foulier ; & quand ils croyent avoir rencontré quelque chofe de femblable ils en portent les marques fur

DU + - ue dun eee PV EU LAS

ea

| (f Maximes des aa + le vifage, fur leur corps ; fur leurs mains, - & ils apellent cela mon Ægraren ;

maître de la vie. On ne remarque pas “qu'ils offrent rien au Done en forme de

Sacrifice.

Il s’en eft trouvé qui ayant im dans les bois l’Hiver à la chafle, ont dir: Toi qui a tout fait donne-moi a de tes bêtes afin que je vive. Ils ont répondu aux An- glois qui prétendoient & être maître de leur

païs, que celuïqui avoit fait la verre leur

avoit donné ce païs- ja. Ils ont auffi des fuperftitions dans cer-

tains Feftins. Ce font les Vieillards qui

la plüpart du temps n’ont rien à manger , ou quelques parefleux qui fe font Jon-

_gleurs pour vivre aux dépens d'autrui, ils

font quelquefois ces Feftins par maniere. de divertiflement, tantôt pour fe régaler

les uns les autres l Hiver. & tantôt fous prétexte de Religion. Ils fonr quelques

Ceremonies diaboliques pour guerir les malades , comme font les danfeurs nuds. Tout ch a été introduit chez les Iroquois pat les Hurons ou par les Nations du Sud, que les Iroquois ont emmené dans leur païs La boiffon & le libertinage y ont méié plufreurs fortes de fuperftitions Ce qui me fait dire que Îles Troquois font de-

. venus les Efclaves de leurs Efclaves tou

.

_

CE Hiffoire des 21 œurs Fe chant la Religion, car ils ont pris les fu: perftitions des autres Nations, n’en ayant que fort peu d’eux-même : On a remar- qué que cette Nation avoit plusde difpoe

fiion au Chriftianifme que les autres. Les Iroquois ont grand foin de leurs morts , foit que leurs gens meurent dass Jes villages, foit qu’ils meurent dans les bois , foit qu’ils foient tuez à la guerre. Les gens de guerre fe jurent une amitié inviolable pour ne s’abandonner jamais. Si ils ont quelqu'an de leurs camarades tuez , ils s'expofent pour enlever le corps 8 pour lui donner la fepulture ; & s'ils ont le loifir ils font les mêmes ceremonies ue l’on a coûtume de faire dans le Villa- ge: Si ils font morts à la chafle l'Hiverils. attachent le corps à des arbres, envelopé dans leur couverture pour les faire geler , & ils les aportent le Printemps au Viila- ge pour les enterrer. Si ils font morts dans e Village ils obfervent certaines Ceremo- nies. Ce font les femmes qui ont plus de fuperftition que les hommes, Ils mettent dans la fofle d'un mort rout ce qui lui a fervi pendane la vie & tout ce qu'ils cro- vent lui devoir fervir dans le païs desames, ayant égard au fexe , à la qualité, à l'âge, en quoi ils fuivent beaucoup le caprice de Jeur imagination, Ils jettent dehors au

_—

CERUss

© Maximes des d Trié 9 tour de la cabane le bled que le mort au- roit mangé dans l’ année, .& ce bled fertla

lüpart du temps à Her leurs cochons.

Ils font des Feftins dans le Cimetiere, mais c'eft plütôt pour fe régaler de temps en temps, Les Vieilles fonc fort fuperftitieu_ _ fes. elles mêlent des pleurs feintes,& ils ont

leur temps réglé pour ces pleurs. La fem-

me dont le mari eft mort demeure cachée dans la cabane , elle eft échevelée & Gat-

de d’autres tiens. A prefent ! le delor- dre de la boiflon & de l’impureté a chan-

| une paflion dans une autre, a infi l’en-

vie de fe marier qui étoit fort moderée

parmi Îles lroquois anciens , fait que le deuil eft bien-tot pale. Les Den du Ma. ri défunt font un Feftin & on habille la Veuve, É lui racommode fes cheveux. & Ds elie peut fe. marier à as alle voudra,

Leurs Maufolées font de pee Cabas

nes de Planches qu ‘ils fonc fur les fofles,

Ils peignent le genie que le défunt avoit choif, & font d’autres figures fans autre deflèin ; ; ces Planches empêchent que les chiens n’entrent dans les fois car cene font que des écorces qui couvrent le corps fur lequel ils mettent des pierres & un peu deterre, de forte que l’écorce étancbien tôt pourrie il fe fait de grands crous pa

#0 Hiffoire des Mœurs Hefqueïs la puanteur fort ; lès animaux attirez par cette odeur pourroient entrer par s'ils n’y aportoient pas du remede ; ils ont bien foin que leurs morts ne foient pas dans l’eau ; ils vificent de temps en temps dans la foffe , ils pe cad . vies à demi pourris, ils les changent d’ha. bits, & ils racommodent la fofle : maïs: Jorfqu’ils meurent par quelque accident extraordinaire , on Îles met avec tout ce qu'ils ont de précieux dans un cercueil, que l’on éleve fur quatre pilliers de douze à quinze pieds l’efpace d’un an, & on les remet en terre aprés Ce temps EXPITÉ. C'eft un ufage , Monfeigneur , de pleu- rér les morts rcous les deux ans, la Nation qui veut pleurer ceux qui ont été tuez à la guerre envoye aux quatre autres des Col- liers pour avertir les Anciens de feerou- ver en un lieu limité. Dés qu'ils s’y font aflemblez l’on fait un grand feu , autour duquel ils fe mettent à fumer. Quelques jeunes Guerriers s'y trouvent aufi qui fe tiennent un peu plus loir par refpect. A- prés certe entrevüë l'on fait loger tous ces Anciens chez les familles de ceux qui ont été tuez. Les Guerriers vont à la chafle pendant ce temps pour régaler ces nou- veaux affligez. On tient deux jours aprés un Confeil seneral pour pleurer les morts.

é M aximes D Trogusis. D On fait donc chandiere ce jour-là en at- tendant les pleurs ; & lorfqu'ils viennent à pleurer effedivement ce font des paro- _ les trés rouchantes qu'ils prononcent avec douleur, Le fiel & l’amertume qui leur rongent le cœur dans ce moment leur in- fpire un efprit de vengeance qui n ’eft déja quetrop enracinée. Ceux qui ont leurs parens tuez donnent quelquefois des Col- liers ; c’eft alors que les pleurs fe renou- vellent , & que les cris ou plävôr les hur_ _lemens fe font entendre pour (UPERS avec la perfonne afiligée. Ces pleurs fini on fait le Feflin d'un grand fens à aprés leque! chacun fe retire avec fon Ou- Yagan » Qui eft un plat d'é écorce , .& diten même temps Niochen qui fignifie ; je vous

temercie.

Les Iroquois fe fort ipjuftes envers leurs Chefs > Car fun parjure Vieillard

. aprésavoir été toute fa vie au fervice de Ja

Nation vient à n’en être plus eapable, il faut qu'il fe fafle Pêcheur, & fi il tombe malade on n’a pas plus de Din de lui que d'un autre. Il peut ÿ avoir quelque exce- ption, le vieillard qui eft Chef dans le Vil- age ne profite pas des prefens qu’on loi fait, la coûtume veur qu'il donne tout à

Ja jeunefe, comme fonc les hardes ie ga. fu fait prefent, & autre chofe. Si lon

7

15 Fe Hifloire des À Burs ï | | À donne des Colliers il les met dansta maffe

cominuneé , fi c'eft de la viande il en fait

Feftin, Les Onnontaguez l’emiportent fur les autres ; ils ont un certain ferieux & un

phlegme propre pour le confeil : mais à

prefent leur gouvernement eft bien chan- pe , la jeuncffe fair ce qu’elle veur ; &

J'eau de vié a changé la maniere de vivre:

Ils prennent confeii tantôt des Anglois ,

tantôt des François ; mais principalement

des Anglois; fur tout depuis la guerre,

c'eft ce qui me fait dire que le gouverne-

ment eft entierément changé. L'ancien

gouvernement régloit les affaires de Paix, ou celles de la Guerre pendant la Paix:

C'étoit aux Viéillards de déliberer fur les

changemens de Village, fur les Aflemblées qu'ils apellent Porter le Sac. Is délhibe- roient auf fur quelques travaux publics, fur les guerres qu'il falloir entreprendre , & fur pluficurs petites affaires , comme

quand il falloir aller aux Tourties. Leur

politique étoit de tenir totjours la jeu- neffe hors du Village & dans le travail. S'ils avoient des Nations à détruire , ils déliberoient fus les diffenfions qu'il falloit mettre entre ces Nations-là pour les at-.

taquer les unes aprés les autres ; pour faire trainer la guerre en longueur , afin d’a- voir toüjours de l'occupation. Les On-

!

k. >

Co Aasimes des 5 72

honraguez ont foin de faire venir dans les

confeils quelques jeunes gens de bon ef- prie, de leur communiquer Les aFaires.

Quelques jeunes gens s'affembloient le

matin chez l’Ancien ,où quelques Vieil- -

lards venoient auffi _& ils s’entretenoient enfemble en Énone. Le fujet de l'encre.

tien étoit ordinairement des affaires du

Lemps. L'eau de vie ayant corrompu les mœurs

des lroquüis, ce qui a achevé de les per.

dre ,a été la mulritude des Efclaves qu'ils ont ‘emmenez dans leur païs pour réparer

la perte qu'ils faifoient en guerte. Ils fe

plaignent eux-mêmes de ce que leurs Fil- “4 ne font plus que des coureules , & re- herchenc les jeunes gens en mariage,

‘pa mariages font comme de fims

_plestaccords que deux Familles font en

{emble , & alors on marie les enfans dés le berceau, ou ce font des mariages d’ins rerêt : pour lors le gendre eft obligé de demeurer avec la femme qui refte avec {a mere , qui eft pour ainfi dire maîtreffe de toure ‘a chafle jufqu'à à ce qu'il ait des

. enfans. Il lui eft permis pour lors d’avoir une cabane à part pour fa famille. Mais

la mere qui ne connoit que trop l'utilité de l'avoir auprés d'elle , ménage infenf- blement fon efprit,& il arrive fouyeng qu'il ne la quitce pas,

34 Hifloire des Mœurs F Quand les Parens ont confenti de part & d'autre au Mariage, la Fille portele pain de Mariage qui ef comme le Contraét, elle le fait cuire chez elle dans de l’eau boüillante, envelopé de feüilles de bled d'Inde, noïûé par le milieu d’un filet, qui Jui donné la forme d’une calebañfe. ‘Elle envoye tous ces pains par une femme dans la cabane de fon Amant ; elle aporte au paravant le bois da mariage qui eft un bois coupé à plat , elle s'ajufte le mieux qu ‘elle peut, On {ui graifle Îles cheveux avec de l'huile d'Ours , on lui met du ver millon defus, on lui uacé differentes cou- jeurs fur le vifage , elle attache de la por celaine aux breilles : elle en fait des bra- celets, & elle fe rend dans la cabane de fon mat, Enfinles Mariages fe font par débau- | che, & cela fe fair en deux manieres ; ou fe toûjours , autant que ces Fstet de Mariages peuvent tenir,ouù pour untemps, ’eft-à.dire pour un parti de Chaffe ou de ‘Guerre ce qui dure peut-être plus ou moins. Il n’y a pas trente ans que les Iro quois gardoienr les degrez de parenté & d’afhinité ,ainfi les Parens & les Alliez ne fe Dee pas. Cela et fi vrai, Mon- feigneur, que quand on propofe de Fille 8 marier, & que l'on nomme Île Garçon, de É 5

. & AAaximes des Iroguoiss *$ ils répondent, le Mariage ne fe peut faire parce qu'ils font Parens, Plufieurs s'étant matiez ne changeoient pas de femmes. Quand on marioit en face d'Eglife des Vicillards avec des Vieilles, qui étoient déja enfemble depuis long-temps, & que Von leur demande fi c'eft pour toûjours » Il y en a qui ont fait réponfe : Nous fom- _mes enfemble depuis l'âge de huit ans fans nous être feparez, pourrions-nous à _ prefent le faire. Ces exemples ont été, _ comme on dit, parmiles Iroquois, mais à prefenc ils font rares, & on auroit pei_ ne à dire comme leurs Mariages fe font, ils imitent les autres Sauvages leurs voi fins, & ils font devenus aufli débauchez qu'eux ; il n'y a pas de châtiment parmi eux autres que la honte & la pudeur, li | vrognerie ayant ôté ce frein: on ne fau roit dire les maux qui fe commettent par- mi cette Nation, ainfi les Meres qui ont _ été mieux élevées n'ofent reprendre leurs Filles , & les jeunes gens {e plaignent de ce que les Filles font les premieres a les folliciter au mal, Cette Nation a toûjours été habillée, les femmes étoienr couver= tes & les hommes couvroient leur nudité. Quand ‘on brûle un prifonnier de guerre c'elt le plus grand dépit qu’on puifle lui faire que de l’expofer nud, On a crû avec Tome TIT. | @1

6 . . Hifloire des Muurs raifon que Dieu avoit rendu l’Iroquois fu:

perieur à toutes les Nations voifines qu'il

a détruites , à caufe qu’il étoit plus hon. nête que les autres Sauvages , mais à pre. fenc il tend à fa ruïne., Dieu l’a abandon aux François qui ont brülé leurs Vil- : Jages, pris ou tué leurs Vieillards, & par confequent détruit leurs confeils, aprés. quoi le defordre s’eft mis parmi eux.

On ne voit pas de Femme ou Fille Sau.

vage avancée en âge qui ne foit ou grof fe , ou qui n’ait un enfant à la mamelle,

qui n’en porte derriere fon dos. Elles :

nourriflent elles-mêmes leurs enfans , &

1 |

elles les allairent ordinairement deux ans

ou dix-huit mois ; pendant ce temps-là le mari ne couche pas avec fa femme, c'é-

toit l’ancienne coûtume qu'ils n’obfervent

plus. Elles laiffent leurs enfans tour-nuds

jui l’âge de cinq ans, elles couvrenr es Filles des qu'elles les fevrenr. Les Me.

ni

res élevoient affez bien leurs enfans, fur tout les Filles, mais aujourd'hui il n'y à que celles qui ont un bon naturel qui a- giffent de la forte. Les Filles d'Onnonta-

guez qui ont été repriles par leurs Meres, mangent de la Cigué pour s'empoifonner,

les enfans {e tuënt avec leur fufil ou avec leur coûteau. Toute l'inftruétion que les Meres donnent à leurs Filles confilte à leur

ÿ : }

:(n Œ Maximes des Îroquois. 17 . hprendre à porter du bois, & elles les ÿ accoûtument des leur bas äge en leur fai- fant porter de petites charges. Leur ma. niere d'inftruire eft par des termes enga- geant : en difant , aye pitié de moi, ne me Charge pas de honte ,nÿ toi auffi ; ou bieñ _ la Mere fe mer à pleurer afin d'être inter-

_ rogée, & elle répond quelquefois, ou elle ne dit rien, mais on voit bien ce qui la fait pleurer ; & c’eft par qu’elles réüffifent pour -cortiger leurs enfans : ils ne favent ce que c’elt que leur refufer le boire & le manger. La feule chofe les Enfans pa- roiflent plus obeïllans c’eft à aller cher- cher de l'eau & du bois potir mettre _ feu; il faut en un mot que l'Enfant veuille _ de lui même ce que l’on veut qu'il fafle, leur phlegme naturel eft ce qui éontribuë le plus à leur éducation ,ils ne laiflent pas de tirer beaucoup de fervice de leurs En-, fans par la patience qu'ils ont de fouffrir , & en les gouvernant avec beaucoup de douceur. Dés lors que les Enfans com-

_mencent à avoir de la raifonle Pere leur raconte les belles aétions de fes Ancètres, ou de la Nation, cela fait tant d'impreffion

* fur leur efprit qu'ils goûtent infenfible-

ment ce qu'ils entendent. Si par hafard

quelqu'un des Parens avoit fait une ation

* indigne il leur en infpire un mépris, &ils

nuit LARRE "4

=,

‘28. Hijtoire des Meurs les élevent par à une grandeur d’ame

" qui leur eft naturelle, :: is: Quand | homme & la femme s'aiment bien ils ne partagent pas leurs emplois, mais ordinairement l’un ne fe mêle point de ce qui eft du devoir de l’autre , leurs emplois font ou dans le village ou dans les bois. C’eft à l'homme à faire la Caba-

ne , les Canots, à paifer les Peaux, àfaire

les Caifles, à accommoder l'endroit ils couchent :ils fe mêlent quelquefois de fai- re les Chaudronniers , les Armuriers , les Forgerons : ils font les Calumers , les Ka-

quertes , les Paliffades autour des jardins, #

les Parcs fi ils ont des beftiaux , à ranger les traifes de bled d'Inde pour les faire fe- cher. Dans les champs l'homme abat les arbres , il les ébranle, & pour cela il fait de groifes cordes de bois blanc , avec lef- quels il monte dans les arbres comme des Couvreurs fur les toits; voici, Monfei- gneur, comme ils s'y prennent. Ils jertent un boutde cette corde quia plufeurs braf- fes de long, & qui a trois pouces d'épail- eur, ou environ ; ils jettent, dis. je,le bout de cette corde en haut qui s’entrelafle dans les branches , & ils l'attirent à eux lors qu'elle refifte , ils s’en férvent pour mon- ter. C’eft aux hommes à brüler les champs, . ils ont de gros crochets de bois avec le f-

& Maximes des Iroguors. 19 uels ils traînent fur la terre des buches

embralées , & ils brûlent des racines des herbes pour femer enfuite. L’ endroit ot

- ils ont femé des féves fert l’année fuivan- te pour ÿ femer du bled d'Inde. L'homme

fait les inftrumens du labourage qui fonc de bois, Quand ils n’avoient pas de pio- _ches de fer ils en faifoient de bois, qui rellembloient à une croffe. Ils en font d’ ut _ne autre efpece pour ramaffer la terre au

pi ied du bled d'Inde. L'emploi de l’hom-

me dans le bois l'Hiver eft de faire la ca-

bane , qu'ils font d’écorce de bois blanc, longue & étroite; qu'ils arrangent commé

nous faifons les Fee {ur les toits. C’eft

à lui à chercher les bêtes & à les tuër : 1l palle les Peaux il en ôte le poil en les ra-

€lant avec une lame d'une vieille épée

avec un coûteau , il les fait boucaner à la fumée , & 1l les rend molafles avec de la

_ cervelle d'Orignae , ou avec {a moclle.

Quand les Femmes font dans le Vi lag elles font les Farines leur Mortier eft uw

tronc d'arbre qu'elies router avec le feu,

le Pilon eft une perche de bois dur, mince par le milieu & gros par les deux bouts 3

ë quelquefois eilésc optune pierre faite com-

me unoignon ,& jettant le bled grain à

grain elles l'écrafent : elles font Îe bais de que à êc V'aporsent elles fonrles cal

à G 3

26 Fifloire des Maœnrs liers pour porter le bagage , elles font mieux les fouliers que lies hommes, elles coufent quelquefois , elles égrennent ie bled. Les jeunes Filles aiment fort à fe parer , {e poudrer , fe laver & fe graifler: ce dernier ornement fait que leur linge fortant de la lécive n'eft pas plus blanc qu'auparavant : elles boucanent la viande dans les bois ,elles fondent les graifles & Jes confervent dans des trefles ou dans de petites boëtes rondes de bois de bouleau, elles vont chercher les fruits dans les cam- pagnes , elles font fecher les framboifes, Tes bluetes , les chataignes, dontelles font une provifion pour l’Hiver : elles font des Trapes pour prendre les Martes. Les en- fans chalfent aux oifeaux : les Hommes croiroient s’abaifler de faire cette-perite chaffe fans necefliré, Les Fermes fement, cerclent, & chauffent le bled d'Inde el les en font les trefles , le mettent dans des _«maniéres de grands tonneaux de bois de bouleau. Un Homme ne veut fe marier qu’à une bonne travailleufe , pour ainf dire , & la Femme ne veut fe marier qu'à un bon chafleur. ke me Il y a des Femmes Sauvages qui font fort têtuës, on accufe fur tout les On- nontagueles & les Onneyoutes, & elles: n'ont pas rencontré un bon mari, clles

_ © Maximes des Iroquois. 2x _ Je quittent quelquefois les premieres , el- les font mourir leurs enfans de langueur, ou par des breuvages empoilonnez, la

_ Ciguë eft ordinairement la derniere ref- _ fource dans leur defefpoir. Les Filles cro.. yenr faire un grand tort à leurs meres en fe tuant, & leur difent., hébien tu n'auras plus de Filles, & elles vont fe faire . mourir, elles fe mettent un collier au col _ & s'étranglent, ou elles aiguifent un mor- _ ceau de bois dont elles fe percent la gor- ge. Leur colere & leur mélancolie dure long-temps , ils n’ont pas de juremers mais ils ont le blafphême; ils fe plaignent

_ de la Providence & difent elle me hair. Cela arrive fur tout aux jeunes gens, prin- cipalement aux Filles : on a de ces _ fortes d'exemples, mais le commun des _ Sauvages fouffre plus long temps & avec plus de plaintes ,du moins qui paroiflent. Les jeunes mariées font gloire de ne pas _crier en acouchant., fi elles fe défient de Jeur courage elles vont acoucher dans des buiflons ou dans les champs. Si elles font dans la cabane elles s’empêchent de crier. Comme c’eftune injure parmi les guerriers de dire tu as fuï, de même c’eft une injure parmi les Femmes de dire , tu

as crié quand tu étois en travail d'enfant. El y a une grande Fête qu'ils apellentla

nn

f

/

‘EL Hifoire des Mours Folie, qui fe fait au mois de Février, à peu prés comme nôtre Carnaval, ils s’ha. billent quelquefois à la mode des Fran-

çois, les hommes prennent des habits de chaufles & les femnies des coëfes, ils font des Feftins à la Françoife , l'ame du Feftin eft de jargoner en mangeant, fans favoir ce qu'ils difenr ; cela arrive quelquefois, mais le principal conffte à demander ce qu'ils ont fongé. Quand ils entrent dans la cabane on leur dit, tu as fongé cela; fi on ne devine pas jufte , ils rompent & renverfent tout ce qu'ils trouvent,

La Fête des Morts eft celebre , les Vieilles y ont plus d'attache, & font des Feltins dans les cimetieres, |

Les Iroquois font aufli ardéns pour le Jeu que les Européens, ils y paflent les jours & les nuits; ce n’eft pas feulemene le divertifflement qui les tient, mais c'eft quelquefois l’interêt. Le Jeu ordinaire. des hommes eft celui du Plat, qui confite à remuër & faire fauter dans un plat fix noyaux de prunes, dont trois font peints | de noir à moitié & trois ont leur couleur naturelle , ils y obfervenr certaines régles. H faut pour gagner qu'il y ait plufieurs Noirs... *. | 5

Ils ont un autre Jeu qui confifte dans

_, «ne poignée de Pailes , le nombse ef

Le

LR LA 2

Le LL LL

LC

L

4

qe

j \ CH y | \ à)

.

Lt A) Slt

C2

il

a

jh PAL 1

. Neil

fl

1

À

ï

|

ww =

\ |

l |

h

; (l j

|

J,

ee Up

U

J yhus

HUE

CC TS SS

S Ee Se

Eu: : EE J F7

\ @ Maximes des Trognois. 13 pourtant limité. Ils feparent d’abord cer- re poignée en deux, faifant certains gêts qui {ont feulement pour faire valoir le Jeu , ils en font autant pour le Plat en fe donnant de grands coups fur-la chair nuë ; fur les épaules & fur la poîtrine. Quand ils ont feparé ces Pailles ils en retiennent une partie & donnent l’autre à leurs compa- gnons. On ne connoït pas facilement , Monfeigneur , ce Jeu-la ; à le voir il fem- ble qu'ils jouent au pair & impair. Ils jouënc auflil beaucoup à la Croce, Les femmes joüent quelquefois au Plat; mais leur Jeu ordinaire eft de jerrer les noyaux avec les mains comme on jouë aux dezs Quand elles ont jetté ces noyaux en l'air elles remuënt leurs bras , tantôt comme _ fi elles faifoient des geftes d’admiration , ou fi elles chafloient des mouches , elles _ ne difent rien, on ne les entend prefque pas ; mais les hommes crient conime des gens qui fe battent, ils parlent jufte en dilant noir, noir ; blanc , blanc, & de _ temps en temps ils font de grandes huées, Les femmes n'ont que cette forte de Jeu, les enfans joüent. à la Croce , jamais au Plat ou rarement , les filles joüent avec des fufeaux qu’elles font pafler par def- fous un petit bois élevé un peu de terres c'eft a qui pouffera plus loin fon fufeau.

}

24 ‘hs pri des Murs |

.Il ya des Jeux d'Hiver & des Jeux d'É: , ceux de cout temps font les Noyaux & | Pailles, ceux d'Hiver font les Fufeaux

pour les enfans , ceux ci y MELtENt une longue queuë Le deux lo & demi ::

ceux des filles font de veritables Fufeaux.' Les uns & les autres les moïillent avec la falive ou ils fes mettent dans l'eau quand äl géle bien fort, afin qu il fe faffle une croûte comme un verni, & ils es pouf. fent fur quelque penchant d’une côte bien glacée , afin qu'ils aillene plus loin. Ils font couler aufh de petits bâtons plats &. longs , ils peignent tous ces fufeaux &. ces Hans.

La jeunel fe eft fort libre en n paroles ;i ils À

raillent far leurs Amouts ou fur leurs Es de guerre, ils difent des paroles à à double entendre, ils fe divertiflent auf à jouër de Ja flûte , ils chantent roûjours fur le même air, ils chantent fouvent ce qu’ils apellenc Ja Chanfon de guerre ou la Chanfon de . mort, ils batent la mefure avec le pouce un autre doigt , en le phant ou le dépliant avec juftefle, fravant auffi fur quelque chofe de riifonaant, ils mettent ‘üne peau bien tenduë fur ne : chaudiere’ h _& forme ainfi une maniere de timbale ,

autour de laquelle ils fe mettent acroupis, Res

chantant & frapant deffus en mefure aveë

Le

\ "x

LL É

LL LL LL LIT 2

I. CZ

7

2 PT

EN R ——,

IE

Ton. 7. page.24

ne & Maximes des Troguois. # f ‘un petit marteau de bois , les femmes - n'ont pas d'autre divertifflement quele jeu, Tout le monde fe baigne en Eté, les en- fans & les filles y vont plus que ie fem- mes, oa fi elles y vont c ’eft à l'écart le foir on n'en voir jamais le jour fe baie gner, ou cela eft rare. Les enfans jouënt fe éächer &èfaire deviner aux autres ils font , ou bien les jeunes gens à luter & à un ils font narurellement rail- Jeurs, & le Éonr quelquefois avec efprit; Jeurs railleutes tombent ou fur la mine , ou fur la pofture , ou fur quelques avantu. res. Un François joüoit des gobelets de- ‘vane un ltoquois , ce Sauvage voyant “que ce François tiroit des rubans de fa bouche l’imita, il avoit une perdrix mor te, illa mis derriere fon épaule & la tira par delfus, difanc j'ai tiré cela de mon épaule. ‘On dit un jour à un Iroquois que les foldats étoient confiderez du Roi: le Sauvage répondit parlant de deux Soldats qu'il avoit garder les vaches, & dit, je porte compailion à ces deux Holdats qui ardent les vaches, que ne vont-ils en France ils Rointles camarades du Roi. Ils ont des Nôces & des Danfes faperfti- | Le. la Danfe des hommes confifte à à avoir une couverture fur l'épaule & à fra. 4 du pie en tournant sn rond. Les feme

ER STE

26. © priflaire des on œis 5 mes & les filles qui danfent en plus grand nombre que les hommes & les garçons | font des poftures , des contorfions, dE. tours à dioit & à gauche, en tournant en rond, & fe lafanc jufqu'à n'en pouvoir

lus. “Elles n’ épargnent rien pour fe ren- dre belles & leurs “filles aufli , elles met- tent pour cet effet des Lifles d'Ours à leurs cheveux , elles fe barboÿillent le vi- fage , ce que l'on apelle fe matacher , elles fe! peignent même toute la tête de plufieurs couleurs , elles ont des pendans d’ oreilles , des colliers à à plufeurs tours qui leur pen- dent fur le fein , des bracelets & une cein- ture par deflus lede chemife, Le jotieur d'inftrumens elt au milieu, aflis fur un banc, aurour duquel on dante en rond, il bat avec un fquelere de tortué dans la: quelle il y a des pois , ou bien ils ont une petite gourde dans laquelle ils ont mis des pois ou des no aie ils chan- tent & battent la mefure avec l’inftu- ment, & à chaque Chanfon on lui donne le payenient en porcelaine ou en quel- que'autre efpece.

Quand il ya des Feftinsil n ‘# a pas d’autres Cuifinieres que quelques jeunes gens qui font nommez pour faire la mar- mite, ils portent une mâne de bled d'Inde

par Le village , "& Mn femmes pilent le bled

fi

EDEN EPEMEPEITNN

ANA

D

TT RAR

AA se HUUUHUEUR DRE AUTANT re

SEUL TENTE TT

« ÉCRIS

ae = ES

, HA M ol 1, di

\ a Ni) orme ee

LLC LLLLLLE LL TS

CELL OM M MM A SNS LT SP PL S'IL LL LL L LL TE LT LR C7 LT Tr Er

1

re a

#

|

é JM asimes des IT rogtiois. 27. bled dont elles portent la farine dans la cabane le Feftin fe doit faire, Quand la

viande eft cuite on la tire pour mettre la

farine ; quelques Anciens qui fe trouvent autour du feu ils s’entretiennent de ce que l’on doit faire ou dire dans le Feftin, gtent les os & les rongent.

_Je vous ai fait connoître , Monfeigneur,

_ Je caractere de cette RO en vous par- Jant de fes emplois & de fa conduite pour

Ja Paix & pour la Guerre. Chaque Nation a fon caraere particulier, l’Anié & l'On- neyout font genereux , francs autant que des Sauvages le peuvent être : l’on peut

dire quils n’ont qu'un même efprit. hi: L'Onnontagué eft fier , fourbe, moins

genereux que l’Anié, il l’Anié lui a re-

proché fouvenr fes lâchetez , lors qu'ils

alloient en guerre bts Il y avoit toujours plus d’Aniez ruez fur la place,

tandis que les Onnontaguez retournoient

toûjours chez eux. Le Goyogoüin eft bon guerrier , fes mœurs tiennent plus du Sauvage, il eft auffi fin & aufli rufé que les Tfonnontouans , l'Onnontagué , l’'A- nié & l'Onneyout. L’ exterieur ces deux

Nations & leurs langages eft plus barbare qu ‘ils ne le font en effet ; car l’on a remar… qué qu ils avoient le nie) affezbon, fa. gile à gouverner & fort accommodant,

Tome 111, ù | D

OR “PR ER 0 2

Eu: » Mr

28 . Hifforre des Maœurs | _ L'Iroquois en general aime l’hofpitalité, - & il eft bon ami ou ennemi juré; ils n'ont pas de lettres, & ils font accoûtu- mez à juger des chofes par les fens & ont Pimagination fort vive. Un vice general des Iroquois qui eft la parefle, & de n’a- voir aucun métier pour s'ocuper , eft œaufe qu'ils paflent le temps fur leur nat- te couchez , {ur laquelle ils font plañeurs Songes creux, & quand leur imagination eft échauffée ils prennent tout ce qu'ils. fe font reprefentez pour des veritez. Je vous ai raporté, Monfeigneur , d’où vient l'eftime qu'ils font du Songe. be CN * Quoiqu'ils ayent des fentimens de co2 jere trés- violents ils favent les cacher , ils fe difent froidement les injures les plus atroces , & ceux qui n’entendent pas la langue ne fauroient connoîïtre s'ils fe fà- chent, ils confervent dans leurs cœurs les defirs de vengeance, & ils ont beau- coup de peine à pardonner, c’eft ce qui eft le premier mobile de route leur con- duite. Les particuliers ne veulent pas avoir affaire à un autre particulier , #s

“fe craignent les uns les autres, Une fœur ‘employeun étranger pour demander quel- que chofe à fa fœur, & ainfi des autres. Cela peut venir d’orgueil , & parce qu'ils ne veulent pas être refufez, Il n’y a pas de

| Œ Maximes des Tioqnis. +9 : Piocez entr'eux, les Vicillards les termi. nent bientôt & l'on en vient prompte-

ment à l’execution , car l’on fait caller la.

tête à celui qui a tort, & pour cela on Faccufe de fortilege , ou quelqu'un fait femblant d’être yvre pour le tuër. Quand .on furprend un larron de profeflion, on s’en défait bien-tôt, les parens font les premiers à l'accufer & à lui faire cafler Ja têre. ben ke Tous les Iroquois font partagez , Mon- feigneur , par Famille ; il y en a trois prin-

_ éipales qu'ils apellent la Famille de l'Ours, :

celle de la Tortue, & célle du Loup. Ce

ne font pas de fimples noms mais ils ont des Fables là-deflus , c'eft dequoi ils s’en-

_ fretienhent de trois ans en trois ans, dans

des affemblées generales. Chaque Village

-eft compofé de ces trois Familles, & cha- que Famille a fon Chef, Chaque Chef a{- femble fa Famille pour déliberer fur les

affaires qui fe prefencent ; & les Chefs

eux-mêmes s'afemblent enfuite pour prendre les dernieres réfolutions , c’eft qui fair que les affaires traînent en lon-

7 Cas , Car il faut que toutes les Nations

foient de même f[entiment. Les Onnon- taguez ont voulu fe rendre les maîtres des

* affaires, mais les autres Nations leur ont

. fait voir de temps en temps qu'ils ne l’é-

à | fi D 2

LA

K

Ven | Hiffoire des Mods nie

toient pas : il y a un Ordre parmi les Aniez qu'ils apellent l'Ordre des Nobles. Les femmes en font & en ont voix déliberati- ve dans les affaires : mais elles font de la dépenfe sr être de cet Ordre-là. Quoiqu'il ils n’ayent pas de Roi n'y de

. Chef qui leur prefcrivent mr Loix , ces

pendant lorfqu'il s'agit de quelques affai-

res qui regardent la Nation, il fe trouve

une union fi grande entr ce qu'ils agif- fent tous de concert en ce moment , avec une deference particuliere que les jeunes gens ont pour les Vieillards les An-

ciens. Ces Chefs qu'ils apellent Odianez »

ou Odiffhems, font les plus confiderables : ê ce mot même le porte.

L'on choifit ordinairement , Monet. are , la cabane d’un des plus confide. rables , que les femmes préparent, aprés-

quoi elles fe retirent ;il y en a cependant

que l’on regarde comme des Heroïnes,qui demandent à y entrer, elles donnent quantité de Colliers de porcelaine pour

ouvrir le difcours , & lorfqu'il fe fair quel- ques déliberations on demande leur fen- timent, Ces femmes ont un G grand af-

cendant fur les’Anciens que lors qu’elles

demandent quelques graces pour le bien

public ils ne peuvent fe difpenfer de les leur accorder , comme fun mis de guerre

_

(cn Masimes des Troquois. NET

étoit prêt d’aller en campagne, & que les - femmes du Village reftaflent énlées -.cette

mere de famille reprefenteroit ut Collier pour les en détourner, les apeilans A6 110$

fems, qui veut dire mes oncles d’où vienc

que vous nous expofez à l’infulte de nos . ennemis : pour lors en change de deffein, mais à moins de quelques affaires de Cite

nature jamais les femmes n’entrent dans .

les confails. | Avant d'en tenir quelqu’ un , un An- cien qui aura la meilleure voix A a plei- ne tête , faifanc le cour du Village, & dit Menblés vous-nous allaumons Île Écut 0e lors qu'il s’agit d’un Confeil de Guerre il ya quelquefois deux Confiderables ; qui crient par tout le Vill age de toutes Tours forces , avec précipitation , une parole

n'attendant pas l'autre . & difeot entrez

Serre entrez Fier:

Les Auitens les Confiderables étant dire. celui chez qui l’on eft , ouurr _ Orateur que lon choifit , prend la parole qui expli e le motif qui les a tous em- ‘menez, Les déliberations faires quelques.

uns des Anciens vont dans chaque famille avertis la jeunelfe de-fe trouver en un lie _prefcrit,dans lequel ils feux r communiquent

ce qui s’eft paflé aa Confeil,& fic'en étoig

un de Guerre, L'Orateur ayant fçû le fers:

ES

ho lnpi lntn ne

?.

3% - Hiffoire des Moœurs | timent des Anciens , fait favoir à la jeu nefle qu'il feroit à propos de faire telle: _chofe. Voyéz , leur dicil, jeunefle , ce que vous avez à répondre. C’eit donc Monfeigneur, cette politique qui les unit {1 bien , à peu prés comme cous les refforts d'une horloge, qui par une liaifon admi- rable de toutes les parties qui les compo fent, contribuënt toutes unanimement au merveilleux effet qui en refulte. Outre ces Anciens il y a des Chefs de Guerre. Ceux-ci qui entrent dans les Con- feils font quelquefois affembler le lende- main toute la jeunefle , & lui font le recit. de tout ce qui a été propolé , lui deman- dant la réponfe, Nous vous en laiflons les maitres, leur difent les guerriers: Et la jeunefle , par une deference réciproque leur répond, vous en êtes les maîtres vous-mêmes, LUE nu Les Anciens qui ont déliberé {ur leurs affaires de Guerre propofent aux guer- riers fi ceux.ci en font contens , ils chan- rent font un cri d'une comriine voix , prononçant ce mot de Ho, qu'ils expri. ment du fond de la gorge , & s’il y en à quelqu'un qui n'eft pas content il ne chante pas. AU: MAUR D Quand les jeunes gens qui ont été déja averus {fe font trouvez au lieu qu'ils one.

Maximes des Troguois. . 33 choifi , ils s’aflemblent en rond un peu à l'écart de ceux qui leur font venus parler de la part des Anciens , & déliberent en- _ær'eux fur la réponfe qu'ils doivent faire. La décilion faite, la jeuneffe qui a con- fenti à ce qui lui a été communiqué l'a- plaudit par le cri de F0. 4 Il n'y a pas de Négoce ny de Commerce _ parmi eux, parce qu'ils ne veulent point avoir d'affaires les uns avec les autrés , Ja plus grande traite eft l’eau de vie, ce font les femmes qui en traitent ordinai- rement en échange du Caftor. Ils n'ont . pas d'autre marché que les cabanes , ils _ fe payent fidellement , leurs mefures n’eft _- autre chofe que la cueillere avec laquelle ils mangent leur Sagemité. Ils mefurent leur porcelaine dans le creux de la main, ils n'achetent pas de terres ; mais les he- ritages paflent aux Parens du défunt, ils ont leurs limites pour leurs champs , ils font des marques aux arbres avec la ha- che, en tirant une ligne à vûe & fans me- thode. Celui qui a découvert un Lac, ou un endroit de Pêche,ou des maifons de Ca- ftor , en eft le maïître , il marque l'endroit & perfonne ne lui en difpute la proprieté. Les Vieillards & ceux qui ne PEUVENT ne veulent rien faire à la guerre & à la shaffe, font des nafles & fe fonc Pécheurs, |

34. Hiffoire des Moœurs _ C'eft un métier rôrurier parmi eux. Leurs nafles fe font de fil, d'orties , ou de bois blanc, dont ils réduifent l'écorce en filet par le. moyen de la lefcive qui le rend fort & maniable. Les femmes filent fur _ leurs genoux en tordantle filavec la‘pau- _ me de la main, elles mettene ce fil que

- lon pourroit apeller plü:Ot de la fffelle en: peloton. Ils ne feavent ce que c'eit que de - pêcher avec.des filets à florter ils pren- nent beaucoup de faumons. Suis

Ils apellent Colliers des grairis de porz celaine enfilez que les François nomment corde de porcelaine, ils font avec ces cordes urie maniere de hosà long-& large, ils reprefentent plufieurs figures. Ils s'en fervent pour traiter la Paix, pour faire leurs Ambaflades ,. pour déclarer leurs penfées | pour apaifer les Procez,. . pour faire quelques entreprifes: Pour ju ger, condamnet , ou abfoudre c’elt en- core leur principal ornement , en un mot: c'ett leur or & leur argent :. les jeunes» guerriers allant en guerre s'en fervent. comme de bracelets & de’ ceintures {ur leurs chemifes,& couvrent tout cela d’une: belle couverture rouge , ils vont à-une lieuë deux du Village , accompagnez de leurs femmes, & en fe feparant ils: leur donnent leuis Coiliers. Les femmes

; & Maximes des Iroquoïs. 3$. ‘èn font d’autres qui fervent à porter du bois & à lier les Efclaves, elles font ceci d'écorce de bois blanc d'Orties & de Co- tonniers. Ces porcelaines viennent de la côte de Manathe ; ce font des bourgos ou manieres de colimaçons de mer qui font - blancs ou violets, tirant fur le noir. _ Je vous ai donné, Monfeigneur ; une idée de l'Iroquois non Chrétien , ‘vous voulez bien que je vous parle de ceux qui font établis parmi les François, ilyena deux Millions , l’une à la montagne de Montreal, qui eft à une portée de canon de la Ville , & l’autre eft au Sauc faint Loüis qui en eft à trois lieuës. La Re- Hgion Chrétienne & le commerce que cette Nation a eût avec nous par la con- duite judicieufe des Jefuites, les a un peu humanifez depuis trente ans. Les mœurs de ces gens fi barbares & fi farouches ont été adoucis fans doute par le Baptème, avant & aprés la guerre déclarée contre les Iroquois. Ils ont fait voir des marques d'humanité, & quand ils ont que les Iro- __ quois leurs ennemis en abufoient, ils ônt fait voir que le Chriftianifme n’eft point oppolé à la veritable valeur. : | Ces froquois convertis ont toûjours foin que leurs enfans n’entendiflent point parle: des fuperititions & des coûtumes

' j , ] < V4 " & ] #

> L u À ne, d TUE Te 4 7 CNT d 42 - s

| fire d ai Aus

de leur païs , en leur faifant fucer la Foi. avec le lait , ils font ce qu'ils peuvent _ afin que quand'ces enfans font grands ils ne demeurent plus au pe de al qu ils ne fe perdent.

Ceux qui ont été pluscelebres parmi ces nouveaux Chrétiens ont été le grand Anié chef de cette Nation la Cendre- Chaude Chef des © Onneyouts, Paul Cap taine & Chefde la Priere, & le Borgne. Ces gens ont fait des actions & en Paix _& en guerre qui meritent que je vous en parle, Monfeigneur. | _ Le grand Anié aprés avoir dompté la Nation des Loups, fit Chrétien il ap. | prit lui-même lés Prieres dans les APE étant à la chafle l'Hiver , il a Prèché la Foi dans fon païs ,il a confondu les Profe. lites des Anglois, il a emporté contre les Anciens qui ne vouloient pas que l'on vint demeurer à Montreal , il emmena lui -feul cinquante de fes gens Dos une partie vit encore & fert de pierre fondamentale à l'Eglife du Saur. Il a fait plufeurs bel* les actions contre Îles Onnontouans , Fi s’attiroit l’'afe@ion de tout le thés À par fa pieré & {a bravoure ;:un moment aprés: avoir faic la priere Fa à la chafle en Hi- ver, il fut tué par les Loups nos Aliez dans un choc i imprévüs |

ms M aximes de roms 37 | La Cendre-Chaude étoit un des deux Capiraines qui gouvernoient la Nation des Onneyours , il fic brüler le Pere Brebœuf pendant tek Paganifine ; mais aprés fon Baptème il fut prècher la Foi aux Iroquois, il commença par les Aniez & parcourue les cinq Nations Iroquoifes ; fon autorité en convertit quelques-uns, fon éloquen- ce confondit les Anciens, ‘il prèchoit les Dimanches dans les cabanes il aflem- bloic la jeunelie. Quand la guerre fut dé- clarée il fut avec Monfeigneur Île Marquis de Denouville aux Tfonnontouans, il fut tué combattant génereufement contre les ennemis, Paul étoit un Huron, bon guerrier & fort zelé pour la Religion, Dieu l'a ré- compenfé en lui donnant une fille qui a #écu comme une Religieufe , elle avoit à l’âge de treize ans l'innocence d’un enfant & la fagefle d’une perfonne de trente, & eft mofte vierge. Sa mere la voyant bien é fire craignit pour {a vertu ; elle convint avec fon mari de faire dire une Meñe , afin que Dieu permit que fa beauté pût être alterée. L'on tient qu'il {e forma de- “puis une tache dans fon œil, & étant de. venuë _étique elle mourut en HEURE fa mere à être bien conftanre en la Foi, & “Jaiflatà la Chapelle une couverture de tE.

38 Hiftoire des Meurs feras ,avec tous fes colliers, bracelets & autres ornemens. ARR

Le Borgne ou en Iroquois Sogarefé a été mis en prifon chez les Anglois, parce qu'il étoit trop ami des François , il re: grettoit en mourant de ce que Dieu ne Jui avoit pas fait la grace d'être martirifé. Il prenoit le foin des enfans dans la Mi fion, il les Carechifoit , il les corrigeoit, il leur faifoit faire les Prieres. Sa femme n'étoit pas moins fervente, & elle a de- meuré prés d'un an en prifon chez les An- glois avec fon mari,

_ Ces nouveaux Chrétiens voyent bien quelle difference il y avoir de la vie _ Chrétienne à celle qu’ils menoient avant le Baptème. Ils favent fi bien leur Reli- gion qu'ils ont confondu les Heretiques d'Oranges fur l'invocation des Saints & fur d’autres articles de la Foi. &

Il y a à la Prairie de la Madeleine, vis.

à- vis de Montreal,une femme Sauvage en- terrée , à l'occafion de laquelle l’on a reglé les enterremens. Les Franzois n’ont pas voulu laiffer enlever ce corps par les Sau- vages qui vouloient l'avoir , c'éroit la femme d'un Capitaine, Le Capitaine & cette femme font les deux premiers Sau- -vages Iroquois qui ont demeuré avec les François, & fur lefquelles l'Eglife du Fan

© Maximes des Troguoos. 39 eft fondée. Quand elle fut morte fon mari fit un Feftin en forme de Teftament, & dit aux affiftans , vous favez que nous avons plufieurs fuperftitions dans nôtre païs touchant les funerailles ; à prefent qué nous fommes Chrétiens, & que nous -faifons prier Dieu pour les morts , je done ne aux pauvres tour ce quia apartenu à ma femme; il y avoit pour cinquante écus de hardes en Colliers & autres chofes. De. püis ce temps on donne aux fémmes qui ont fait la fofle , & aux pauvres , ce que ceux qui ne font pas Chrétiens mettent

_ dans la foffle avec le corps. He | _ Nos Iroquois Chrétiens gardent entre eux, Monfeigneur |, le même ordre de _ police que les Payens, mais ils ne déter- minent rien fans l'agrément du Gouvera. neut general, auquel ils viennent dire ce qu’ils ont conclu; s’il l'aprouve l’affai. re eft décidée , s’il ne l’aprouve pas, ils font ce qu'il leur ordonne. Cela s'entend des affaires dont il faur que le Gouver- neur ait connoiflance , car pour le refte ils le gouvernent à leur maniere ; cela facili. te la converfion des Anciens qui veulent

. fe faire Chrétiens. Il y a un Chef de la _ Priere qui préfide aux Chants , aux Off ges qui fe font dans l’Eglife & à tout ce qui regarde le culte Divin, maisil ne fait

Tome III. Mer

40 _ Hiffoire des Alœurs tien fans confulcer le Pere Miffionnairé: uand on fair les Mariages l’on garde cd de l'Eglife, & ces Sauvages fone plus fcrupuleux fur la Parenté que les Eu | ropéens ; car leur Parenté ne vient fou vent que d’ adoption, & elle n'empêche- roit pas le Mariage à caufe qu'ils ne font Parens que de loin ; cependant on n'ofe

_pas pañer les bornes qu'ils fe font pref-

crits avant d'être Chréciens » pour ne les pas fcandalifer. Les enfans qui n'ont ja-

- mais été au païs étant plus capables d'in-

ftruétions que ceux qui ont été parmi les Infidelles , les Parens ont grand foin de leur faire aprendre les Prieres, & de les

envoyer à l'Eglife. Ils ne font pas Portez à

_ leur faire aprendre à lire n'y à écrire, à

caufe , difent ils, que l’Ecriture ne leur donné! pas dequoi: vivre, I vaut bien mieux qu'ils aprennent à aller à la Chafle, ouà Pêcher pour aporter quelque chofe à la

cabane. Ils fonr bien aifes qu'ils apren-

l

nent à fervir la Melle & à chanter. Il yen à quelques uns qui élevent bien leurs en- fans, mais la Pipare: ont trop d IR EGE

ce pour eux.

Je vous ay dit, Monfeigneur, tout ce qu'il y a de bon His leur maniere de vi- wre, la Foi n’a fait que perfectionner cet État de Sauvag ge. Par M 6e PAR

3 @ Maximes des Iroquois. #t . äine honte pour un homme de porter da bois avec fa femme & d'aller travailler aux champs avec elle. On voit pourtant quelques maris qui font cela par humilité & par Penitence : Peur être que les ro quois ont en horreur cet état de femme, _ à caufe qu'ils onc parmi les Nations du Sud des ommes qui failoient les fenx- mes & qui quittoient les habits d'hommes pour prendre ceux de fenime. On en void trés-rarement parmi les Iroquois , & its condamnent par la feule lumiere naturel- le cette façon de vivre. Quoique les Iroquois foient de grands Joüeurs , cependant of eft venu à bout de moderer cette paflion, On n'a pas eût _befoin de les empêcher de fe ficher, car is ne fe fâchent jamais en joïiant , quel- _ que grande què puilfe être perte qu'ils faflenc au jeu. | ; © Outre les occafions dans lefquelles its failoienc des Feftins , en ayant retranché Îles fuperititions, ils font quelques Feftins pendant l’année , au premier de Mai, en plancant le Mai devant l'Eolife , & lors que quelque perfonne confiderable vient fes voir, car parmi ce grand témoignage d'amitié c'eft de faire Chandiere ; en feur langage mettre la chaudiere haute, pour lors le Capitaine de la Priere dir ke | He | | E 2

42. Hiffore Ë x" Benedicité à voix haute, & quand on a mangé il dit tes Graces. On a coûtume de chanter pour fe divertir & pour ren. dre le Feftin plus celebre. L'on ne voit pas d'Iroquois qui ait apris de métiers , il en eft pourtant capable , mais c’eft qu ï] n’a pas de coûtume. Dinfeues parmi les Chré- % tiens s'occupent à abattre du bois , tra- vailler aux champs, à pêcher de peur de tre tentez de boire & de devenir ivrognes comme les autres , mais ceux ne font pas le plus grand nombre. Une pierre de touche pour fçavoir s'ils font bien con-. vertis eft le pardon des injures. ls font devenus intereflez depuis qu'ils ont con- noiflance du commerce. Tout leur argent _& leur monnoye confifte en ces grains de : porcelaine, dont j'ai déja l'honneur de- vous parler. La porcclaine fe trouve dans la Virginie le Tong du bord de la mer, ils la commercent avec les François lors qu'ils viennent à Montreal, & ils ache. prent ce qui leur convient. Je leur ai vi un grand mépris pour l'or & l'argent qui ne leur eft d'aucune utilité pour traiter avec les autres Nations : s'ils avoient l’u- fage de le batrre ou de le fondre ils pour- roient faire des bijoux. Ces Peuples aiment à fe parer avec autani d'amour propre que toutes autres

é& tetes hi Troguors. #3

‘Nations du monde, ils aiment beaucoup le vermillon , l’on 4 fait un grand com- merce en Ginada les femmes s’en mara- chent le vilage ; attacher , c’eft-à. dire peindre. Lors donc qu'ils fe marachens el- des mettent plufieurs couleurs fur le vifa- e, comme du noir, du blanc, du jaune, ao Élèn & du ernillôn. Les tomate fe font des Serpens oh le front jufqu'au nez, ils fe piquent la plüpart tout le corps Pan bien que les Canadiens , avec une ai- uille , jufqu’au fang. De la poudre à a fu fil écrafée fait la premiere couche st rece voir les autres couleurs, dont ils fe pos _ des figures telles qu'ils île jugent à pro- pos, & jamais elles ne s'effacent. C'eft une maxime parmi eux ; lorf. qu'ils vont à la guerre ,de fe marracher le $ vifage avant que de livrer un combat, ils avoüent que n'étant pas maitres quelque: fois des premiers mouvemens de la narit+ re, leurs einernis pourroient apercevoir for leur vilage quelque air de pÂleur & de grainte > ils fe Pntone par fortikez , & ils fe batrent avec une intrepidité furpre. nante. Cette Nation eft trés belliquenfe mais à force de faire la guerre de routes parts, à toutes les Nations, elle & beau _ coup diminué. Les Mariages qu 'ilsontfair avec leurs prifonnieres ont beaucoup cor:

E 3

Re.

24 Hifloire des Mauss tribué à repeupler cette Nation, ; Tout ce que les cinq Nations peuvent. _ mettre fur pied prefentement ce font quinze cens guerriers parce que la pli part ont éré détruits dans ces dernieres guerres, ils tiennent cependant toute l’A- merique Septentrionale en fulpens : Les Anglois les menagent d'un coté, & nous les aprehendons nous-même. Leur ma niere de faire la guerre eft fi particulie. re ; qu'un François n'eft pas en fureté ala Motée d'un piftolet de fa maifon lorf- du il eft dans fon habitation.

La réfolution étant prife dans leur Cu feil de Guerre d'aller vanger leurs freres, ils font en même-temps pluñeurs partis, ils prennent quelque peu de bled d Inde pour vivre en chemin, s M pers ref pet : du refte , parce qu'ils chant toljours , marchant dans les bois ils trouvent des | quoi fubfifter. Ve rh

Ils ignorent la maniere de fe ae en pleine campagne de bled , que l’on apelle Defert » d'où ils décors ce quis'g paille , ils y feront des irruptions fubires & entreront dans les maïfons, ils râchez zont de prendre quelqu'un, ils feront des _prifon hiers ou dlnie val des chevelu- ses : ce ne font proprement que des coups de mains, &c ils ont porté par ce genre de:

RU TU NEA

Li, (4 9 Hs ane 4 hi > : Pan ir En h x 1% # gt)

| G Maximes des Iroquois. 45 guerre plus de cerreur chez leurs enne- mis que n’auroit faire une armée re- glée ; les François ne l’ont que trop ref- fenti. Malheur donc à ceux qui tombent entre leurs mains , car ce font autant de victimes qu'ils immolent à leur fureur... Ils ont bien foin de leurs prifonniers pendant le Voyage , non par un efprit de charité ou de compañfion , mais par- ce qu'ils fe font fait un point d'honneur _d’en avoir en entrant dans leur Villa qu'ils paroiffent bien rigoureux. Ils éloi- gnent pendant ce temps-là routes les idées qui pourroient leur faire de la peine fur la jufte aprehenfon des peines qui les attendent ; mais lors qu’ils font prêts d'arriver c'eft une metamorphole bien differente, cette aproche réveille tout-à- coup ce que la fureur avoit affloupi contre leur propre inclination, & l'imagination rapellant tout ce que la cruauté leur peut änfpirer , elle fait éclater la rage qu'ils a- voient confervée dans leurs cœurs , car ils leur coupent quelquefois les pouces, leur arrachent les ongles avec les dents, leur rongent le bout des doigts & les leur font brüler, leur font des eftafilades dans les chairs avec un coûteau, & fe les jer- gent de l’un à l’autre au travers d’un grand: feu , ils ne donnent jamais la vie aux. pris

SALE... f "A

46 _ Hifloire des Mars. {onniers qu'ils font dans leurs campagnes de bled d’Inde : ils leur fcient les poignets avec les cordes de leurs arcs, ( ce fonc les. Tfonnontouans qui fe fervantde ce genre. de fuplice plus que les autres ) on les faies ‘affcoir & on leur fafpend les pieds, liez entre deux piquets devant le feu on leurs fait brûler la plante des pieds 4 & la icur. enleve quand elle eft bien rôtie. 4 Quand il yap lufeurs prifonniers on : les diftribue à routes lés Narions, ceux qui. reftent dans le Village qui a fait coup fort deftinez aux familles qui ont de leurs parens tuez à la guerre ; on les méne dans. les cabanes des femmes qui en ont perdu. Celles. ci verfent des larmes fur ces in-. fortunez,elles les reçoivent bien, leur don- nentà manger, & penfent leurs playes f ils en ont reçu : mais s'ils pouvoient pene- trer en même temps le fond du cœur de ces Megeres que de fourberies n' aperce- vrojent- A pas , car tous ces bons traite mens HaNoutiate enfin qu à Rai leur vengeance,

Ces Efclaves étant à la hretioh de ces Barbares, la famille à qui ils ont été don- | nez dffere quelquefois de s’afflembler pour déliberer de ce que l’on en fera, on les matache , on les promene en attendant . dans le Village de cabane en cabane , on.

NE h HACK Der,

x 14

» © 74 axiwies des jap 47 Jes fait chanter à l’Iroquoife, l'on s’en di: vertit, en un motils en font leur joiet. Siquelqu’ un eft allez heureux pour être adopté , il eft feur d’avoir 4 vie & la paîle comme eux , autrement il eft condamné au feu. L’Ancien du Vil Ilage va faire Le cri _ de mort , qui font des hurléemens à faie re drefler les cheveux , pour lors tous les Chefs de guerre & la jeunelfe fe réjotif- fent de la bofñne nouvelle qui leur vieat d'é être annoncée.

Auparavant que de le mener au poteau ils lui mettent quelquefois au col , au bras _& aux jambes, tout ce qu'on peut trou- ver de plus precieux, comme des Colliers de porcelaine. Jeme reprefente, Monfei- . gneur, certe Victime que l’on conduit aw

Re comme ces holocauftes que l'on limmoloit avx faux- Dieux qui étoient cou- ronnez. de fleurs, on lui attache les mains à une corde du poteau, de maniere qu’il ait la liberté des pieds pour en faire le tour au milieu de fes tourmens : c’eft dans cet horrible érar que s'exerce tout ce que peut inventer lartifice d’un Iroquois.

On apreche le prilonnier d’un grand férieux , & on lui pafle des canons de fu- fil tous rouges fur le corps, depuis les pieds jufques à la tête , avec une tranquilité fr grande que l'on croiroit que ce feroit un

La - 5 LA MS

se | Hire d Pa ï“ dy Peintre qui apliqueroit des couleurs fuë üun Tableau : ils Font rougir ces fers le. plus qu'ils peuvent parce que l'ardeur du feu emporte plus aïfement la peau, _ Comme ces tourmens ne dépendent qué. du capriée , ils ne fonc pas limitez dans. leur maniere : les uns leur attachenct l'ex trêmité des nerfs à des bâtons , & tour-. nant ces bâtons ils ÿ roulent ces nerfs comme on fait un cordage fur un efieu, | ce qui leur fait retirer tout Île corps & te plier en deux d’une maniere horrible, ils le couchent fur le dos &z leur apliquent des pierres toutes brûlantes detfus. Ils me. furent la peine à . Ja qualité ; parce qu'ils difent qu'un Officier doit avoir naturel. Jement plus de valeur qu'un fimple foldar, & qu'il eft plus capable de faire parcitre î en ce moment plus de co! irage ; cils s'a- charnent donc davantage aprés lui. | Plus l’on crie au milieu des douleurs. plus ces Tirans prennent de plaifir , ils’ ñ'aiment pas qu'un homme fe rende fi:tôt, ils n'en font pas d'état , ils le quittent mé- me avec chagrin ; 4 quand il s'agite autour du poteau , 8 qu ‘il eff dans le de- fefpoir par la violence des maux qu'il fouffre , ils jettent des cris de joye, ou: plücot des hurlemens épouventaoles : on feur enleve la peau qui couvre le crang,

PT UNE

. © Maximes des Irequos. 415 dans laquelle ils mettent de la cendre toute rouge 4 ils leur Femetent fur la tête. 'h, fr

. Lors qu’ils voyent qu'un homme tom be comme mort , tout navré de douleuts, ils le délient & én font un habit de paille de bled d'Inde. auquel ils mettent le feu, ce moribond qui a encore quelque refte de fentiment veut faire un dernier effort pour fe fauver, ce font pour lors des tranfe 24 de joye ; cet infortuné prie quelque-

is qu on lacheve mais ces cruëls in- ventcent de nbuVeaux tourmens pour le faire foufrir. L'on a une chofe tout à fait extraordinaire , que la bien-feance des vroit me faire paifer fous filence, mais c'eft pour vous faire connoître jufqu' peut aller la malice & le mauvais cœur de cette Nation lors qu’ils tiennent leurs ennemis. Une Femme qui avoit un de fes parens tué à la guerre ne fachant plus de moyens pour tourmenter un François, fit rougir un fer qu’elle lui paffa dans l’u- ne de ces parties que la pudeur me dé- fend de nommer : ça été, felon le témoi- gnage de quelque François qui avoit été adopté, le plus cruël fupli ice que jamais les Iroquois ayent s’imaginer.

L'on ne meurt pas d’abord de tous ces fores de tourmens quel on exerce à plaifir

ms

e Hifoire de Meurs_ à. Li. {ur eux: enfin aufli.tôt que cette victime a expiré, ils lui arrachent le cœur ; ; ils fuçent le fang, & coupent le corps en plufieurs morceaux qu'iis mangent. Tel ef le caractere de la plus redoutable Nation qui foit dans l'Amerique + qui d’ailleurs font trés humains & trés ge nereux avec ceux qui deviennent leurs amis. Je fuis avec refpect,

w"

MONSEIGNEUR,

, Votre trés humble, &e.

lt. LETTRE,

4 2 y 2e ll . h \MMCTHRRS à AN 2 5 * ru

\

1. ä à A M aximes des Troquois. st

SR ARRRERIE IT TRES pi nnntnns

II LETTRE

Sujets des premieres Guerres avec les Jroguoss.

Jnrerér des Peuples du Canada avec les F6 rançois.

Arrivée de Mr le Édpe de PRES de France en Canada, Avec Aurionaë

de grand Chef des Troquoss,

Les Onnontouans veulent faire la Pas

N avec lès Iroqgnas,

‘Or déclare la Guerre anx Anglois dans

n Ja Nouvelle Angleterre © la None

Ù velle Tork.

Aurionaé far Savoir à [a Narion par .gaaire Députez quil eff de retour en

4 Canada. Gagnegoron Ambaledeur Jrogaois aporte des Colliers.

prie du Port Royal is Lacadie par

les Anglais,

Converfation particuliere de Mr de Fron-

+ tenac avec Auriouaé.

F. Jroquois font an grand defräre VIS = a-vis de A ontreal, | |

Aome III, F

*

À

Por S PORA mir "4

VE. pie ce Û

i j “TR LEON %

; _ Hifloire dk M œurs ns * à

F. Chevalrer Guillaume Phis. afige Quebec avec tontes les forces de ANonvelle Angleterre, Il en Vleve le.

» Siege ayec honte, Sat SAIS

‘at à

Made

À

NT ai rout lieu d’ dE fa Riel He roïques de votre Vie , & je croi que je. ferois devenu un bon fajet fi la deftinée. avoir pme faire porter les armes fous! votre conduite, je ferois alfurément de-t

venu un bon Capitaine puifque vous êtes!

devenu un fi bon General. Je ne pale pas. les Mers pour faire ici voire Panegirique,.

otre réputation ef trop. bien établie dans

les armées , le fuccez de la Bataille de Fleurus vous fut fi glorieufe que vous com-

mençâtes & donntes lieu à Monfeigneur

de Luxembourg. d'achever une journée. qui lui acquit tant de gloire; il reii{fir,mais,

fi ; ‘ofe ledire, il fuivit vos pas.& ne ft que

rerminer ce que vous aviez fi bien com-

_mencé. Vous, Monfieur, qui êtes fi aç-

coûrumé 2 a des Querres d’ AHérpange: d An-

. glois & d'Hollandois, fouffrez je vous pris

que je vous parle da celle des Iroquois,

c'eftune Nation dans |’ Amérique ! for: de

Pubr eee la vbravogre.

s de.

ul nié “1 PM dbimés as os. UT À |

LE Les premiers Francois qui s ‘érablirent dans le Canada furent ‘quelque temps fans avoir guerre contre les {roquois. La nou- teauté des marchandifes de France attir4 fenñblement cette Nation, comme plu- fieurs autres nos plus proches voifins. Les Iroquois Onnontaguez nous reçürentavec

plailr chez eux, mous ÿ fines même un

Fort garni de petites pieces de-canon ,& des Miffionnaires commencerent a ÿ plan ter la Foi.

+ Maïs comnïe ce vafte continent occupe quantité de Nations dont les langues fonc toutes différences,certe diverfité de mœurs & decaracteres d’ dise exciroir fouvent de la jaloufie & de lanripatie parmi tous ces Peuples lors: qu ñls soute de quelque interéc. |

+ Les Anglois qui dJémeurdient aux en

virons de Qaebec furent nos premiers ÿ

c'écoit une Nation polie poùr qui les Iro: qüois avoient une averfion naturelte. La grande érenduë de chafle que poffedoit la Nätion Algon&ine au Nord du fleuve de’ fainc Laurent, donnoit d'autant plusd'om- brage aux froquois que les Alsonkins tuoient beaucoup plus de Caftor & d’au- tres animaux depuis qu'ils avoient l’ufage des armes à feu | nous trouvions de LT anrage de traiter avec nos voifins fans EF 23

54 © Hifhoiré. me sos: 4 aller courir chez les Iroquois qui AE. à roient à plus de deux cens lieués de Que-. bec. Ceux. ci conçürent aifement de la ja. loufie contre les Alsonxins qui ne s’en embarafloient pas autrement; les repro- ches fe firent aufli-tôt de part &e d'autre,

des paroles on en vint auxeffets, en un.

mot la guerre fe déclara brufquement en-. tre les [roquois & les Algonkins; & less

François {e trouvant enfermez en Le que-.

relle des deux partis furent obligez de few mettre fur la. défenfive. Les Iroquois leur côté ne balancerent pas à faire la. guerre aux François. Plufeurs perfonnes de confideration qui avoient emmené des domeftiques de France à leurs dépens s'o-. poferent à tous les actes d'hoftilité des Iro+, quois , & toutes les familles contribuant: alternativement à la culture des verres les armes à la main lorfqu’il falloit travailler | à la campagne. | Je pañe, Monfieur , fous Gilence plus fieurs mouvemens de guerre qu'il yaed. dans ces premiers établiffemens , pour ne. pas m'engager à raporter fur tour ce ques

“j'ai dit de Monfieur Champlain dans mon |

Hiftoire de la Nouvelle France. : Jamais Nation n’a été plus fidelle aux François que les Algonkins, mais la pe= 1

h

tte Verole qui fe répandit dans le paisa. jh ..

Maximies des ME NEUN fs | AE de. quelques Vaifleaux, caufa une grande defolation parmi certe Nation, le: Canada eût été pour lors fort à plaindre. fi Sa Majefte n'y eût envoyé le Kegiment. de Carignan. En effec, Mellieuts de Frafi & de Cuuvtelte teérminerent heureufement. la guerre en moins de deux Campagnes \ La Paix ayant été conclue en 1666. l'on téforma ce Regiment qui s'établit dans le païs , la Colonie devint par la confde-. rable par tous les Mariages des Soldats &. plulieurs Officiers ,.qui aimerent mieux xefter dans. le païs que de s’en retourner en France, e + Les Itoquois en Paix avec nous allaréne | guerre chez toutes les Nations: avec qui nous n'avions encore faire al. hiance , ils étendoient par leur chalfe. pour pouvoir commercer avec kes Fran- Gois, & à mefure qu'ils faifoient des pri- fonniers ils les faifoient Efclaves, ou ils : . fe marioient enfemble.Cette Nations’ aug. mentant infenfiblement par devint f fiere qu'ellé infultoit toutes les antres, | même les François qui commencçoienr à | faire des découvertes chez celles. , |. Les Anglois qui avoient pris fur les Hollandois , dans la Nouvelle Hollande , Manathe & Orange, firent amitié avec fes | at qui {our beaucoup È us prés F

à

s6 dron) Fe des Mani la Nouvelle Angleterre que de la

velle France. Les Anglois ne pouvoient

penetrer jufqu'aux Nations qui devinrent dans la fuite nos Alliez , ils engageient Lol

_ Iroquois de faire ht eux toutes fortes:

d’incurfons pour enlever léurs Pelleteries,« ou pour chafler indifferermment fur leurs. terres Toutes ces Nations que nous avonsw nommez dans la fuite du mot general. d'Outaouaks, firent alliance avec les Fran çois ; ils nous demanderent main forte 8c prétendoienr qu'étant maîtres fur leursi terres ils ne vouloient pas que les M vinffent y chafler.

La Chañfe eft pour ainfidire depuis que he François font établis dans le Canada } Je premier objet de toutes les guerres enë tre les Iroquois & tous nos Alliez , parce les Iroquoiïs font fort bornez , il y a trés= peu de Pelleterie dans la Nouvelle An- gleterre, moins encore au Sud du côté de Ja Caroline, la Pinfilvanie, & la Vi:ginie, dont Îles Hdi font fous Ja FIVE de l'Angleterre. |

Menfieur de la Barre, pour lors Goui

| verneur, ayant arrêté toutes les êtes d'hoz

fliliré des Iroquois fur nos Alliez, refolut de leur aller declarer la guerre en +6 84. le fejour que fes Troupes furent obligez de faire au Fort Fronténac , dans Le Lag

<

. & Maximes des Iroquers. ST . Ontario ; pendant fix femaines , païs ex- trémement marécageux , caufa beaucoup de flévres, &. fi je peux me fervir de cette expreffion Mr de la Barre fur plus heureux * _ que fage, Eneff:c, il renouvella la Paix avec les [roquois qui n'avoient pas trop . envie d’avoir la Guerre , & il fe retira .… adroitement avec fa petite Armée , acca- blée de Fiévres & de maladies. : . Monfeur le Marquis de Nonville re. leva Mr. de la Barreen168ç il crûc qu'il étoit dangereux à la Colonie de fouffrir que la Nation Iroquoife s'agrandit chaque , jour , il avoit porté le fer & Île feu à plus de cinq cens lieuës delà, dans le Miffifpi, . chez des Nations que l'éloignement avoit empêché de faire alliance avec nous. Tous nos Ailiez étoient fort intimidez de cet . agrandiflement , parce que les Iroquois fufcitoient concr'eux chaque peuple qu'ils avoient foûmis ; ils tenoient nos Alliez dansune fi grande contrainte que ceux-ci - n'ofoient pour la plûpart venir à Montreal, . Monfieur de Nonville prit donc des me- fures pôur détruire entierement la Nation Jroquoile, il fit main baîle fur quantité de Chefs de guerre qui s’étoient trouvéz au _ Fort Frontenac, dont on en envoya quel- ques uns aux Galeres de Marfeille. H alla chez eux en perfonne avec des Tioupes

à à NEVERS ER AE 7

-

& Hiffoire x Der Ra d'un détachement de la Marine que le Roi lui avoit donné: il tomba malheuréu- _fement dans une Embufcade de einq cens Iroquois il recûc un rude échec. Il l'a forçx cependant & il biûla tous les Vils lages des Tfonnontouans , ravagea leurs campagnes de bled, & les hommes ,fem- mes & enfans furent trop heureux de fe jetter dans des païs up pour leur fureté. “ii Les Iroquois Érapas: d' une telle irru tion ne penferenr plus qu'à tromper les François, ils profiterent d'un contre-temps qui arriva à la Colonie. La Rougeolle que des Navires de France avoirapoité nous mit hors d'état d'aller avec un détache- ment de je cens hommes chez les Aniez qui font nos plus proches voifins : les Iro= quois envoyerent des Ambafladeurs en 1688. à Mr. de Nonville pour traiter de la Paix, C’eft une maxime dans ce païs lors que l'on vient parler de Paix ,plufeurs de Ja Nation partent en même temps fans _confequence , foir pour fe trouver à la Paix, foit pour commercer. Hls-viñrentau : hoïnbre de quinze cens, & atraquerent à . Pimprovifte le ç. Aoûr 1689. la Chme >Par- tie Meridional de l’Ifle de Montreal, ils ravagerent trois lieuës de païs , ‘enle2 verent quantité de prifonniers ,tuërent ».

2 PUMA AA. né” :2{"

ea |

*

:

& Ma aïimes à be à sy

| Maffacrerent tout ce qui parut devant eux,

méttant méme des Femmes à la broche | qu'ils firent rôtir ; & exerçant des cruau-

tez inouïes que la Hiecifcance m ‘oblige de.

taire. Ils firent encore une autre irruption

au mois d Octobre au bas de cette Ifle,

. qu ils rufnerent aprés avoir fait lufeurs

_prifonniers. Telle étoit la fituation de la Nouvelle France quand Mr. de Nonville fur rapellé en France pour être fous Gou- verneur de Monfeigneur le Duc de Bour- _gogne , & Mr le Come de Frontenac le televa 1e 12. Octobre 1689.

Une Colonie eft heureufe lors qu’elle eft gouvernée par un Chef qui ne regarde . que l'utilité & la feliciré publique : ceux que Dieua choifi pour prendre fous lui le gouvernement des Provinces, & que la. _ Providence a placé fur la 1êce dés autres hommes, doivent fe faire aimer des peu- ples, parce que leur grandeur ne confiite pas tant au pouvoir qu ‘ils ont de leur com-

_ mander, qu'aux moyens qu'ils doivent

prendre de leur étre utile.

Il eft difficile, Monfieur , de vous ex- primer la joye que reffentit la Nouvelle France lors que Monfieur le Comte dz Frontenac rent:a cette année dans fon gouvernement, aufli étoic-il fouhaité de touces les Nations.

60 | Hifère des # œurs is

Les Sauvages Alliez des François qui. ävoient pris leurs incerêts contre les Iro- : _quois, demeurerent dans üne efpece de. lerargie depuis le faccagement de la Chi-

les habitans enlevez & la plus belle

| du païs entierement ruinée, avec uir

affoupiflenent univerfel de part des . François , donnerent lieu # toutes ces Na

tions de ‘prendre dans la fuite d’autres

melures pour 1 n'être pas victime des’

Iso quois.

Ea Durantaye éssibithe d’une TT

pagnie d'un détachement de’ la Marine‘ qui commandoit à Michilimakinar, àtrois cens lieuëés de Montreal, s ’aperçüt AUS de’

ce réfroidiffement , il dépêcha à Quebec à

Joliet qui négocioit en ce païs, pour in forrner Fe nouveau Gouverneur que l’on attendoir de France, de toutes les démar-

ches que les Sauvages faifoient pour fairé

fa Paix. nu :

Les Outaouaks & les Hurons furent premiers qui voulurent prendre leur fu. reté , ils avoient trop de peñetration d’ef: prit pour fe laiffer tromper , & les rnefu- res juftes qu'ils prennent dinatreti@é

dans leurs affaires, les mettenr fouvent à

l'abri des incidens qui peuvent arriver. Jotier arriva à Quebec fur la fin de De: . éembre ; la furprife de Mrde Frontenag”

ee 4

$ é M aximes des aa Et me fut pas moindre de voir entreprendre

à un homme un Voyage de cette confe-

quence, qu'il fut obligé de faire partie en ça notpartie far les glaces, accompagné feulement. d'un autre que des nouvelles

qu'il lui aportoit : en effet les changemens de Gouverneurs font fouyent changer

de face aux affaires d’un pais éloigné de don Souverain.

. Monleur de Fronténac refolut des le même temps. ie renvoyer à Michilima- xinak porter {es ordres a la E Durantaye,

& fa parole aux Sauvages, pour les dérour-

per de leur de (Mein & leur donner avis des

diférens partis qu'il euvoyoit contre les

4 Anglois pour commencer la guerre con- tre eux, & les faire repentir de tous Îles maux qu ‘ils nous avoient fufcité , à eux & à nos Alliez : mais les nouvelles que l’on eût queles lroquois chaffoient fur le che- min, fut caufe qu'il ne partit qu'au Prin- temps aprés la fonte des glaces.

L'on déracha pendant l’Hiver trois par- vis: : le premier devoit fe faire à Montreal; pour aller du coté d’ Orange. Le fecond fe formoit aux Trois Rivieres , & devoit fäire fon coup entfe Bafton & Orange. Le troifiéme qui partoit de Quebec, de- moi cotoyer le voifinage de Bafton.

18 réüffirent tous, on eût d’ abord des

à:

Ni 0 Bfiffoire he M œurs

nouvelles de celui de Montreal, mais’ au paravant que je vous en etes un détail plus au long je vous dirai, Monfieur, qu ‘au premier Voyage que fit Mr de. Fronténa | à Montreal à fon retour de France, il fit partir un Convoi pour je FAIT de Catatdi | Kou ,ou de Frontenac, pour tâcher de le Cane er, & le mettre ur d’infulte pen dant tout l Hiver. Quatre Iroquois qu'il avoit: ramené France avec Auriouaé, un des plus confiderables Chefs de lei Nation,partirent prefque en même temps, Je vous parlerai fouvent de ce Chef , il toit un des principaux fujets de la guer-. re. Onen attira qe. au Fort de Fron= tenac fous prétexte de Paix & d’un Feftin d'alliance, qui ef la maniere dont on traite les affaires avec eux, ils furent arrêtez. au nombre de quarante , que l'on envoya en France aux Galeres , mais le Roi qui, fut informé dans la file de cette ation” les ft repañler en Canada, On avoit lieu de fe flâter que la Paix fe féroit aifémer ent avec les Iroquois des lors quils apren- droient des nouvelles d'Auriouaé ; pour. qui effcétivement les cinq Nations pre- noient un interêt commun. On le ména-!' _gea pendant le fcjour qu'il ft avec les- François, & il gagna affez fur lui pour. où-. blier fes mauvais frailemens qui l'avoir reçüs | |

AVES

j: œ Maximes des I roHDIS 63 æeçüs pendant fon efclavage. Il engagea jui-même Mr. de Frontenac à des confi- | dences particulieres , & ce fut de fon pro-

.pré mouvement qu'il lui infpira de faire

partir fes quatre Députez vers la fienne avec un autre Sauvage qui étoit venu en Ambaflade, Son deffein étoit de faire aver. tir {a Nation de fon retour , de l’obliger “d'envoyer quelqu'un faluër le Comte de -Frontenac leur Pere qu'ils avoient perdu depuis fi long-cemps, & de le remercier

en même temps des bontez qu’il avoit

pour eux en les faifant delivrer des Gale- res, chargerent ces quatre envoyez de fes Ordres. Ils revinrent à Montreal le neu- iéme Mars avec Gagniegoton , ilsy gar- derent le filence , mais aux inftantes folli- citations du Chevalier de Callieres Gou- verneur de certe Ville qui les preffa de _ parler, ils lui prefencerent fix Colliers de porcelaine. our. Premier CoLLizERr.

Il marquoic le fujet de leur retardement caufé par l'arrivée des Outaouaks aux Tlonnontouans , il difoit que des Efclaves Iroquois y avoient été rendus au nom de

| neuf Navions differentes, fans que les Hu-

tons de Michilimaxinak euflent aucune

part dans cetie nécociation. Les Iroquois

érojent invicez à {e rendre au mois de Jain Tome 111, |

MAY re

64 Hifforre des Mœurs à un lieu certain , pour mettre la derniere main à la Paix dont ils venoient porter la parole, & y recevoir encore vingt- fix au: tres Efclaves. Gagniegoton ajoûtoit que _c'étoic ainf qu'il faloit faire les chofes lors qu'on les vouloit acheminer à une bonne _ union, & venir foi-même parler d’affaires fans s’en remertre [ur d’autres que de fa MNartion. | Lire Von. | DEUXIEME OCDE Il témoignoic la joye que les Anglois, -& les cinq Nations Iroquoifes avoient ed _ d’aprendre le rerour d’Auriouaé , qu'ils nomment le Chef general de route la Nas tion Iroquoife. ; 7 2 -. 1: TRoïsi® ME :CorrERR, | Il parloit de la part de l'Onnonagué ay nom des cinq Nations ; il y redemande le promt retour d'Auriouaé , voulant qu'il fur accompagné du porteur de fa parole, de quelques Sauvages qui éroient reftez volontairement parmi Îles François, & de tous ceux quiétoient revenus avec lui de France, que leur retour fe fit avec lui fur les glaces afin qu'ils viflent enfemble les inefures qu'ils avoient à prendre 1] ajoû- toit que l'on avoit retiré à Onnontagué fous les prifonniers François qui étoient en diverfes bourgades, & que l’on n’en dif= poferoir que fur ce que diroit Aurjouaé à

* Ÿ

{pn rerour,

ME Re

“e Fe - Maximes des Jroquoit. 6$

QUATRIEME CoLLrEeERr.

ci s'adrefloit aa Comte de Frontenac. Vous dites Oronrio , mon Pere ; que vous defirez redreffer l'arbre de la Paix que vous avez planté dans votre Foct ; voila qui eft bien. Mais, de CiNQUIE au COLLIER. : a _Xc gnorez-vous qu'il n’y a plus de feu de .

aix dans ce Fort , qu’il eft éteint par té: fang qui a été é répandu, les places lo on

agé ce en par la tromperie qu on ya faies , on a gâté la rerre d'Onreyour ( c'eft un Village : à dix lieuës au deflus du Fort}, ar les prifonniers qui y ont été faits par Brie, on a gâté la terre des Tfonnon-

“fouans par le ravage que les François ÿ.

‘ont fait.

_Racommodez tout cela il vous fera fi be de placer le feu de Paix & des bonnes affaires ailleurs qu'où vous lavez mis, “Car on l’a jetté hors de ce lieu. Mettez. li vous voulez à Onfaguentara {c'eft un lieu au delà du Fort ) fi c’eft rop loin vous pouvez choifir la Galette, The- ganiflorens vous viendra trouver ( c'étoié - un Chef fort eftimé de Mr de Frontenac, pour qui il avoit de l’affcétion) vous pour- fez vous y faire accompagner par autant

de monde qu'il vous plaira , & moi de G 2

|

L " 1 4 STARS D 'Ag 4 ! & rt ea # ; \ È En {

66 Hifhoire dss M œbrs même, Âu refte, mon Pere Onostio, vous

âvez foüetté vos enfans bien feverement, vos verges étoient trop piquantes & trop

longues , ; Aprés. m'avoir ainfi traité vous

pouvez Lie juger que j'ai maintenant de

l'efprir. Je vous repere que moi Onnon- taguez fuis maitre des prifonniers, apla- niflez les chemins de chez vous à la Gas Jette & du côté de Chambli,

SIXIEME COLLIER, #0 Il avertit qu'il y a un parti de vinge | hommes en campagne des le mois Oo-

bre contre vous ,.qui ne doit faire coup - qu'à la fonte des” ges : il promet que il fait dés prifonniers ils en äuront foin,

& prie que fi nous en faifons de notre cô- |

nous les confervions pareillement.

I ajoûca encore ces paroles, j'avois huie.

prifonniers pour ma part de l'affaire de la Chenaye proche de Montreal, jenaiman-

quatre , & les quatre autres ont ici la

vie. Vous avez été plus cruël que moi, ayant tué douze Tfonnontouans à coups de fufl, vous avez mangé les trois autres

qui EE ia en vie , fans la doriner à pas”

“un, vous eufliez la doanet: àun ou deux; c'ei pour cela que j'en ay mangé quatre autres , pour vous faire voirque ‘vous êtes plus cruël que moi. Je ne fçai pas ce que

les Onneyouss avec qui j'étois. allé en:

RO A

=.

rat (ir :

_& Maximes des Iroquois. CET guerre, auront fait des François captifs ue Jeur font échus en partage, |

La Harangue finie le Chevalier de Cal: Jieres demanda à cet Ambaffadeur file Pe- re Milet Jefaire qui avoit été pris au Fort de Frontenac vivoit encore 2 Il répondit. qu'il vivoit lors qu'il: étoit parti du pais. il y avoit vingt-huit jours. |

On Jui demanda de plus d’où vient que les Aniez étoient venus en guerre contre nous ? Il répondit que quatre. vingt dix Loups Sauvages , Alliez des Iroquois , a-. voient fait un parti dans lequel ils avoient. engagé quelques Aniez & quatre Onne. yours, mais que l'onavoit fait courir aprés les Aniez. Quand on fe trouva dans un endroit les deux chemins d' Orange SE. de Corland fe feparent , l’on jugea à pro- pos de prendre cette derniere route.

Lors que l’on fur à deux lieuës de Cor=< Jand , le grand Anié Chef des Iroquois du Saut fit une Harangue , par laqueile il en- couragea tout le monde à faire fon devoir. Les farigues extraordinaires que nous a vons fouffertes dans notre voyagé , leu£ dit-il , ne doivent pas rallentir en nous no. tre courage , il fufht que nous foyons des, hommes, il faut nous venger des injures. que nous avons recües des Iroquois, à la follicitation des Anglois, & les laver dans

G 3.

+ 4 63 _Hiffoire des Mœurs Je fang de ces perfides. Ce Cheféroit fans! contredit le plus confiderable de fa Na tion, honnête homme, plein d’efprit, de prudence & de cœur, & capable des plus grandes entreprifes.On trouvaun moment’! aprés quatre fenimes Sauvages cabanées, qui donnerent toutes les lumieres necef: : faires pour l'attaque de la Ville. L'on con- tinua le lendemain la route & l’on envoya : à la découverte un Canadien & neuf Sau-. vages : on arrivaenfin fur les onze heu-. ges du foir à la vûe de Corland, & quoi que l’on eût remis l'attaque far les deux’. ‘heures du matin, le froid les obligea de ne pas differer davantage, Cerre Ville fait une efpece de quarré long il n'y a que deux portes , l’une vis à-vis de laquelle étoit notre parti, & l'autre qui conduit à Orange, qui n'en eft éloigné que de fix. lieuës. Saint Helene & Mantet devoient entrer par la premiere que ces femmes avoient dites ouvertes , d'Hiberville 8e. Monteffon, avec un autre détachement, prirent {ur la gauche pour fe rendre maï- tres de celle d'Orange , qu'ils ne purent" trouver. On gardaun profond filence juf- qu'à ce que les deux Commandans qui étoienc entrez dans la Ville l’euflent re- connué le cri d'attaque à la Sauvage fe fit recentir tout à coup, Mantet à la tête”

<=

rs Co

| Œ Maximes des Froguois, 69 d'ufi détachement attaqua un petit Fort la garnifon fe trouva fous les armes, il fit mettre le feu à la porte, y entra ,& fit pañler au fil de l'épée toute la garnifon: Le feu étoit d'un autre côté dans la Ville, & le fang y couloit avec profufion par le maflacre general de tous ceux qui la dé- fendoient. On voulut épargner la maïfon Miniftre pour entirer quelque con- _noiflance , mais il fut tué & tous ces pa- piers furent brûlez avant que l'on pût la _reconnoître. L’on envoya fommer le len- demain Cendre Major dela Place , qui _<toit chez lui de l’autre côté de la riviere, il voulut faire de la refiftance, mais come _me on avoit téfolu de ne lui faire aucun mal en confideration des bons fervices qu'ilavoit rendus autrefois à des François, d'Hiberville & le grand Anié lui promi- rent bon quartier, l’affurant qu'on ne lui _feroit aucun tort ; il {e rendit fur leur pa- role , il les régala & vint avec eux trouver les Commandans qui éroient dans la Ville. L'on acheva de brûler toutes les maifons, à la referve de celie de ce Major & d’une Veuve chez qui on avoit mis Montigni qui avoit été bleffé de deux coups de per- tuifane dans le corps & dans le bras, parce _ que l'on vouloir ôter occafion aux Sau- Vages de s’enivrer, ce qui leur arrive dans

mm .-

#

ï | | \ 4 ? LAS sk 79 Hifhoires des Mœurs ji pareilles occafons. É’on donna la vie à

cinquante ou foixante Vieillards, femmes

& enfans ; qui s’étoient fauvez à la pre- miere fureur , & l’on épargna une tren- taine d’Iroquois aufquels Pon fit connoï- tre que l’on n'en vouloit qu'aux Anglois. Cette perte monta à plus de quatre cens mille francs.

On attendoit avec im patience le retour

des Partis des Trois Rivieres & de Que-

bec, dont l'on n’eüt des nouvelles que:

long-temps aprés. Des que le Fleuve fut libre Mr de Frontenac refolut de renvo- Yes quatre des Sauvages qui avoient a- porté les Colliers que Gagniegoton avoit prelenté à Montreal, Ils partirent & fu- rent accompagnez du Chevalier d'O Ca-

pitaine réformé : Auriouaé: chargea fes gens de huir Colliers qu’il prononça lui-.

même, 18 | Le Prémrer COLLIER.

Eft Dour efluyer les pleurs des cinq ca- È

banes ( ce fonc les cinq Nations Iroquoi- fes) & leur faire foctir de la gorge ce qui

pourroïit y être refté de mauvais fur les:

méchantes affaires qui fe font paflées , &

pour laver le fang dontils font couverts.

Le II. CoLLiéR DIVISE EN DEUX. Pr 4 L2 # 4 Ÿ La premiere moitié eft pour leur té+

moigner la joye qu'Auriouaé a eue d'a

i

TN

| é M aximes a HN: RE _ prendre que les Outaouars ont promis de _ remener aux Tfonuontouans les prifon- niers qu'ils avoient ; l’autre moitié pour | leur dire qu'il eft bien aife qu'ils l'agent averti de dire à Osomuo qu'ils avoient re- commandé à leurs gens qui étoient partis _ des l’Automne pour aller en guerre , de conferver la vie aux prifonniers qu'ils . pourroient faite fur les François, & que Onontio lui a promis de fon côté que fi les François en faifoient quelques- uns des leurs ils en uferoient de même , jufqu'à . ce qu'il eut réponfe des gens qu il envo- voit aux cinq Nations. Le TRorsiE ME COLLIER. , Remercie les cinq Nations d’avoir en- , voyé prier Onorrio de le renvoyer avec _ fes Neveux fur les-olaces, & tes prie de _ mettre tous les prifonniers François entre . les mains des Onnontaguez, afin que fr . les affaires s'accommodent ils les puiflent _ rendre. .L5 QUATRIEME Cotrter. _. Ef pouf leur dire qu'il voit bien que ils l'ont oublié auffi-bien que leur ane cien Pere Oxontio, puis qu'ils n’ont * envoyé de Confiderables le chercher , & pour parler à leur Pere ,& qu'ils lui au: _roienc faic plaifir d'en envoyer feule- _ ment un.

TE Hifloire des Maeurs Le CinQuir ME CoLLriER:. Eft pour dire a routes les Nations qu'il

defire voir des Confiderables à Montreal ;

qu'il eft comme un homme ivre & qui a

perdu l'efprit de voir qu'ils n’envoyent

«

petfonne pour le chercher, & qu’il fou- :

haiteroit que ceux qui avoient accoûtumé

de faire les affaires avec lui ; vinffent afin

qu'ils puffent connoîtce la bonne volonté

qu'Orontio a pour toute la Nation ,& les”

“bons traitemens que lui & fes Neveux enr

ont reçüûs depuis qu'ils lui ont été remis :

entre les mains en France. te

Le Sixie mt OO tRenR. Et pour lier les bras des cinq Nations, afin de les attirer à Montreal ,& qu'aprés

cela ils Le rameneront avec eux. ; LE SEPTIEME COLLIER.

\

Pour leur dire que c’eft à fa priere que Ozrontio a envoyé pour accompagner. fes gens un des plus confiderables Officiers

qu'il eut, & qui même ef fort connu par-

ni eux. Que ce Collier eft auflj pour les exhorter à ne point écouter les Anglois

qui leur ont renverfé l'efprir, & à ne point

fe mêler dans leurs affaires , n’y être em

peine de ce qu'Orontio a commencé à les châtier , parce que ce font des Rebelles& leur Roi legitime que le grand Osortio

protege, que cette guerre ne Les regarde

We

7

#

é& Maximes des Irequois, 73 Foie, ce qu'ils peuvent bien connoître, ar ce que les François ont fait en enle- vant Corlard, ils n'ont fair aucun mal aux gens de leur Nation qu'ils ont tous | renvoyez, fans même en vouloir LEMME= ner de prifonniers..

1 Le VIIL ET Dernier Cottier,

Ef pour dire que lui Auriouaé eft frere hu rous les François mais particulierement . de Colin qui eüt un trés grand foin d'eux

ts leur Voyage de France & depuis * Jeur retour en ce pais , & qu'ils ne fon

tous deux qu'un même corps, & q'ie ne voulant pas les aller trouver qu'ils ne les viennent querir , quoi qu'il foic en pleine iberté de le faire. Il fe lépare en deux &

eur en envoye une moitié pour les enga-

ger de le venir trouver en toute Miro

_ ce puifqu'ils feront aufh libres que lui, qu'il ne veut pas quitter fon pere auquel _ il veut être toûjours uni, qu ils prennent

donc courage & viennent à Montreal

ils le trouvéront avec Onontio, qui con-

feryve toûjours pour toute la Nation & pour iui la même amitié dont il leur a donné tant de marque pendant dix années,

Gagniegoton ne fut pas du nombre des Dove qui retournerent à leur païs, le - Chevalier d'O étoit accompagné de qua- pe François & de Colin, qui avoir fervi

74 nie Alice Fr Mars” d’Interprete à Mr de Frontenac dans le Voyage de France, & depuis fon arrivée en Canada. Le Chéyalidr d'O n’étoit char- d'aucune parole pour les Iroquois , il n'avoit ordre que de fe trouver aux Deki- berations que l’on prendroit fur ce qu'Au- riouaé leur mandoit, apuyer la négocia- tion de ces gens-ci (ans y entrer lui-mé- me, & Être témoin de tout pour en faite un fidel raport. f

L'on n’eût aucune nouvelle certaine + Jui depuis fon départ, l’on aprit par les Anglois qui vinrent l'Automne affieger Quebec , que les Iroquois pour leur mon- trer qu ‘ils ne vouloient aucun accommo- dement avec nous l’avoient conduit dans la nouvelle York , & qu’il y étroit garde fans qu’on lui eût fait aucun mal. = Monfeur de Frontrénac envoya en mê- me tems à Michilimaxin2k Louvigni ca pitaine réformé, pour Y relever la Daran- taye , avec Perrot qui étoit chargéde pre- _ fens & des paroles, qu'il adrefloit à toutes les Nations d’ SH. il devoir les diflua- der de l’Alliance qu il négocioit avec l'I- roquois & AE qui étoit prefque conclue,

: Louvigni étroit accompagné de cent qua- rante-trois François voyageurs & de fix pustaques les François alloient ae”

a

/

VA OS 1 À LA > , md 44 “CT k x CM k uile |

CG Maximes des Troguoïs. 76 er Pellecerie qui leur apartenoit,qu'ils n’a- ‘voient emmener ici bas les années pre. _cédentes à -caufe de la guerre, D'Fofta Capitaine & la Gemeraye Lieutenant, _ aufli reformé, eurent ordre de les accom- pagner avec trente hommes jufques aux Calumets , à foixante lieuës de Montreal, _ afin de raporter des nouvelles de leur paf- fage , n’y ayant plus de rifque au delà de çe détroit. Ils parrirent de Montreal le vingt-deux Mai, & firent alte douze jours aprés à trois lieuës au deffous d'un endroit

gommé les Chats, à l'abri d'une pointe qui avançoit fort au large dans la Riviere, d'où ils découvrirent deux canots d’Iro- quois qui paroifloient au bout de la pointe. …_ . Louvioni & d'Hofta refolurene d'y en yoyer trois canots de dix hommes cha _.cun, & que foixante autres iroient par ter re pour les prendre de rouscôtez. D'Hofta & la Gemeraye s'embarquerent dans les _ ganots , & Louvigni devoit conduire ceux . quialloient par terre. Les trois canots ar- riverent bien-vôt écoient les Iroquois, qui firent fur eux à bout portant une charge de moufqueterie : il y eut d’abord . quatre hommes de tuez ,iln’en refta que . deux qui ne furent pas bleffez dans le ca _ not de la Gemeraye, qui vouloit aborder le premier, ainf ils furent obligéz de re 7 Tome III. E

Re AS Con ee

EC SES RE RP PR LEP ES NT PNA at, CA 100 es RENAN 2 vou X EE : - Ÿ u = 4 Ces de e ZuV t

F6... | Hifloire des Bras : | | venir à l'endroit is avoient laiflé es. | autres canots. 4 D'Hofta outré de fa retraite , & host | gni au defefpoir de Ja. perte de fes gens , s'étant mis a la tête de cinquante ou foi” xante hommes , donnerent par terre tête : baïflée dans l'embuttade des Iroquois, qui. aprés une premiere décharge, & ne pou- vant enfuite foûrenir le choc des François s 'embarquerent : avec précipitation , aprés à avoir environ trente hommes de tuez , fans compter plufeurs bleffez à mort, quatre prifonniers , deux hommes & Fe ; femmes, dont l’un Chi mené à Michilima: kinak, qui fat mangé par les Hurons & Cuous & t'aueré fut conduit à Que- bec il fo donné à Auriouaé, D'Hofta revint à Montreal aprés le Combar , & Louvigni continua fa route. Fa L'on eut peu de temps aprés des nou- velles de l expedition faite par Horrel qui : commandoir le Part des ‘Trois Rivieres ; : il étoir accompagné de trois de fes Fils, de vingt-quatre Sokokis,& de cinq AL gonxins. Ils partirent des Trois Kivieres le vingc-huit Janvier avec cinquante deux hommes : ; aprés une marche aflez longue & fort penible au travers des bois, il ar- tiva Le vinge fept Maïs auprés d’un Villa- ge Anglois nomme Semenfals, , qu ilavoit

© Maximes des Troquois. red fefolu d'attaquer , il examina le terrein “pour pouvoir Rire trois détachemens, Le premier de douze perfonnes devoit s’atta- cher a un petit Fort de pieux à quatre ba- : tions ; le fecond de quinze qui devoit en- - Jever une maifon fortifiée , & lui avec le furplus devoir donner far un autre il ÿ avoirune piece de canoir. Ces trois Portes furent enlevez fans peine , ceux qui les -défendirent furent tuez , & l’on fit cin- -Quante quatre prifonniers , lon brûla fepr -mailons dans lefquelles dos mille bêtes à corne perirent. Ce coup étant fait il fe retira de peur de tomber entre les mains -de deux cens _Anglois de Pefcadoïüers qui “venoient aprés lui ,ils lui couperent che _:min à la verité mi il les arrêta heurewr- _fement au palfage d'un petit Pont fort é- _#roit, il en jetta par terre , en bleifa dix & mit le refte en fuite. Lévis Sei- gneur de faint François &un SoKoki y fu- ‘rent tuez, & le fils aîné d’Hertel fur ble _ d’an coup de fufl dans la cuille donc il fue _éfropié. Ce Commandant continua {a re- _ traite Le plus vite qu'il pât. Il rencontra encore des Découvreurs ang ois dont il ren tua trois, & gagna un Village de Sau- _vages 1 mit {on fils qui étroit bleffé. Il aprit que Portneuf étoit à Kefkebaye, à

deux) 7 de lui dans l'attente de fire H >;

19 HA de M œurs | | _ une expedition qu ‘il n’avoit encore ter miner , il le joignit avec trente fix Fran-

çois & ‘Sauvages. Celui-ci étoit parti de - Quebec avec cinquante Abenaguis du

Saut de la Chaudiere , qui en eft à deux | lieucs ; ils furent pendant Février , Mars, Avril, & la moitié de Mai chafler dat les bois pour trouver dequoi fubffter,: Comme ils ne trouverent perfonne dans un Village d’Abenaguis qui étoient allez en guerre contre les Anglois , ils pouffe- rent plus bas dans la riviere de Kenebe- qui , & rencontrerent dans un autre Vik Jage ceux-ci qui étoient de retour, n'a- vant tué que fix Anglois. L'on affembla tous les Sauvages des environs & l’on fe

_renditle vingttrois Mai à Kerkebaye, qui eft fur le bord de la Mer, il y avoit un grand Fort garni de munitions , avec huit pieces de canon , & quatre autres peties Forts aflez proche. |

Quatre Sauvages & deux Faiasts fe. mirent en ambufcade auprés du grand, d'où un Anglois qui en: fortit au point du | jour fut tué. Quand les Sauvages ont fair,

Monfieur , des coups de cette nature, ils font drifingit lies des cris de morts, “les Anglois jugerent bien qu'il y en avoit au- prés d'eux. Trente hommes fortirent fut le midi & vinrent droiroû étoientnos gens;

Maximes des Îroquois. 73 ceux-ci qui étoient cachez les laiffant-a- _-procher à dix pas de leur Ainbufcade fi- rent feu tout à coup, fe jettant fur eux _ Jépée & la hache d'arme à la main, & les _pourfuivirent fi vivement qu'ils n’en ren- _ærerent que quatre tous bleilez. Nos gens ‘s'engagerent cependant trop avant dans "cette pourfuite , parce qu'ils effuyerenc le feu d'un des petits Forts , d’où ils tuërent ‘un Sauvage & bleflerent un François: l'on fomma le foir le grand Fort de fe rendre, is répondirent que l’on s’y défendroit juf- ques à la mort, er! ARE L’intention de Mr de Frontenac n'étoit pas d'attaquer de Forts parce qu'il jugeoit Bien que l’on y perdtoit trop de monde, il vouloit que l’on s’attacha feulement à ruiner la campagüe : maiscomme les Saw: vages ne {€ faiffent pas gouverner fi aifé- ment, ils prenrient fouvent d’eux-même de nouvelles: refolurions: D'un autre côté il n'étoir pas de l'honneur de Portneuf de revenir d'un Voyage fi long & fi penible fans donner des preuves de la bonne opi- nion que l’on avoit conçü£ de lui. Voyant’ que les environs de la campagne avoiene été abandonnez fur l'avis qu'un foldar, difoit-il , avoit donné aux Anglois de fon laproche, il refolut de prendre à quelque prix que ce fur le grand Fort, Lo D | EU

80 . Hiffoire des Maœurs tous les Anolois des petits Forts s’étoient - retirez , on fe logea la nuit du vinet-fix au vingt-fept Juin, fur le bord dela Mer,

à cinquante pas, l'on fut couvert d’u-

ne terre fort efcarpée qui mettoit à l'abri

du canon & de la moufqueterie. Quoi que nos François & nos Sauvages ignoraflent la maniere d'aflieger des Places , ils ne. laiflerent pas d'ouvrir la tranchée la nuit du vingt-huit , ayant trouvé heureufement dans ces petits Forts des outils à remuër. la terre : ils poufferent fi vigoureufemenc Jeurs travaux que les Anglois demande_ rent à capituler. Comme on vouloit le Fort , les munitions & les vivres, il ne leur fut accordé que cette nuit pour fe dé- terminer. Ceux ci qui fe fâtoient d'un promt fecours par Mer demanderent cinq jours à fe reconnoitre :on leur refufa cet. te propofition, il fe fit le lendemain matin grand feu de part:& d'autre. Les ennemis jetterent force grenades qui ne firent pas grands effets , à lareferve d’un François. qui eut le bras caffé d'un coup de canon, _ & d’un Sauvage qui eut la cuifle percée. Mais quandils virent que l’on aprochoie de leurs Paliffades une Machine pleine de matiere combuftible don ils ne pouvoiens. pas fe garantir, ils aimerent mieux fe ren dre que de brüler tout vifs. La Garnifon.

ES Es, +

. @ Afaximes des Iroquois. 81

&c foixante & deux hommes forrirent en- fuite:qui furent conduits au Camp. Il pa- put fur ces entrefaites quatre Vaifleaux _ qui venoient à deflein de faire lever le Siege, mais n’apercevant plus de Pavillon

_ Anglois ils revirerent de bord. L'on brüla _ enfuite le Fort avec les munitions, l’on encloïales canons & les Sauvages fe re- ferverent la plufpart des prifonniers. Le

Commandant & deux Filles de fon Lieu- tenant, qui avoit été tué , furent conduits à Quebec , oùils arriverent la veille de la faint Jean. l

. Ilfe fit: encore un autre Parti en canot _ contre les Anplois. Beauvais & la Brolle _Lieutenans , avec quatre François, alle- rent joindre les Sauvages du Saut, & de Eamonragne qui le compofoit, à:la tête _defquels étroit le grand Anié :ils marche- rent depuis le dix-huit Mai jufqu’au vingt-

_ fix fans faire aucune rencontre. Les Dé. _ couvreurs qu'ils envoyerent:le matin ra- _ porterent qu’ils avoient entendu tirer un: coup de full. L'on attaqua peu de temps: aprés deux. cabanes, dans: lefquelles l’on:

. enleva quatre perfonnes, Ces prifonniers: leur donnerent avis que fur le chemin: qu'ils tenoient pour aller au Fort Anglois: . qu'ils vouloient attaquer , ils rencontre. roient le-reite de leurs gens au nombre

_ Fin \

_ 82 | Hifloire des M ŒUYTS _ de trente , avec leurs femmes & les ent: fans. Ils continuërent leur route de ce cé: - t-là , & furent chargez les premiers dans une Ambufcade que ces gens leur avoient dreflé. Ils donnerent à main & enleve- | rent tout, aprés avoir tué quatre hommes d'eux & fait quarante-deux prifonniers ;. au nombre defquels il y avoit huit An- gloifes. Ils ne jugerent pas à propos de pañler outre-ayant apris qu'il yavoit fepe: cens Sauvages Loups à une journée & de- mie qui les attendoient , ils reprirent le: chemin de Montreal ; ils fejournerent à la: riviere du Saumon qui tombe dans le lac’ Champlain, ils firent des-canots. Com- | ane ils faifoient les Prietes publiques le: foir ils furent découverts par un Parti: d'Algonxins & d’Abenaguis des Trois Ri- viéres, qui alloïent en guerre au même: endtoit d'oûsils veñoient.. Ceux-ci pour ne pas manquer leur coup’ donnerent à: limprovifte deflus à la’pointe du jour ,en tuérent deux , blefferent deux François, fix Sauvages, & deux Efclaves Angloifes :: cette méprife était d'autant plus facheufe que le grand Anié furtué, ce fût uneperte’ irreparable qui affligea fenfiblement tout le Païs. Ces Alganxins & les Abenaguis éroient du parti d'Hertel, qui avoit fait l'expedition de Semenfals, Cerincidene

1 al LE

. SG Maximes des Iroghoiss S$

. gaufa beaucoup de trouble, qui n’eût pas de faite jar l’adrelle que l’on eùt de ralx _Jier les efprits. | : Les Iroquois qui avoient été maltraitez par Eouvigni fe déracherent dans la fuite pour-entirer vengeance, ils furent décou- _ verts à la Pointe’ ou Fremble de Mont- _ real par Gallert Chirurgien , qui donna avis de leur marche à Colilombet Lieute- fant réformé. Le Choc fut vigoureux de” part d'autre, celui-ci-perdit la vieavec _ douze hommes. Il y eut du côté des Iro- quois vingt cinq de tuez, le refte fut mis’

_en déroute. PE ER We Il y avoit peu de fureré dans les habi-

- tätions qui fonc vis avis les Trois KRi1- _ vices. Un Parti d'Iroquois enleva quinze _ ou feize perfonnes à la riviere Puante ;: on coyrut aprés ces Barbares, qui pour ne pas fuccomber aimerent mieux s'enfuir aprés avoir égorgé tous leurs prifonniers. Tour étoit donc en allarmes dans le fleu- ve depuis Quebec jufqu'a Montreal. Mr de Frontenac fit deux détachemens de TFroupes poux la- fureté des côtes du Sud, Fun étoit commandé par le Chevalier de Clermont Capitaine reformé, qui avoit

la Croiliere , depuis Montreal jufquesà Sorel ; environ dix-huit lieuëés de païs: _ Paurre qui étoic conimandé par la Moche

x

84 | riifoir des Mo & PTE devoit côtoyer les Trois Rivieres jufques à faint François, dans le lac faint Pierre s & décendre au dellous. | Le Chevalier de Clermont arrivant à Forel aprit que cinq enfans qui gardoient ‘les beftiaüx aux environs du Fort venaient d’être enlevez par un Parti ennemi il les. füuivit avec les meilleures troupes qu il ai voit ,& quelques habitans qui fe joigni-. rent à lui sil les furprit , en ua un fur la place, delivra ces quatre enfans & mit le refte en fuite. On trouva quatre hommes: tuez du même parti ; parmi lefquels écoit un Anglois , & un peu plus loin le cinquiéme enfant qui n'avoir les fuivre. L'on aprit quelque temps aprés d'aflez: mauvaifes nouvelles de Lacadie. Le Che. valier Guillaüme Phis general Anglois partit de Bafton pour prendre le Port Ro= “yal queles François y occupent. La Gar- nifon qui n'étoit que de foifante à quai tre-vengt hommes , dix-huit pieces de ca- ‘non qui n’étoient pas en batterie , & les’ ‘fortifications aflez négligées, ‘Tout ce peu de force n'étoit , dis-je, pas capable de re- fifter à fepr cens hommes qui étoient em- barquez fur fept Nawires. Maneval qui commandoit ces quartiers crût qu'il étoit: plus à propos d'accepter une Capitulation: nb a ms vi d' a. ai monde ut

CAC TU

& Maeivies: de Zroquois. hu 2

:. propos. Les Anglois ne tinrent pas leur.

parole , ils pillerent les Eglifes, on les fic

pafler à Bafton avec Meflieurs Petit & Trouves Miffionnaires,

Les Habitans qui avoient cédé La cui

15

pitulation fe mirent fous la protéétion du

Roi Guillaume : : ils fecoüerent dans la fui-

te le joug à l'arrivée de Peraut qui ving pour y commander. Des Forbans Anglois |

y. firent quelque temps aprés une décente,

ils brûlerent les maïfons & pendirent

plufieurs François. Peraut qui voyoit ar-

river un bâtiment dans lequel il avoir

“beaucoup d'effets , le fitavancer pour une

plus grande fureré du côté de faint Jean,

qui eft vis-à.vis le Port Royal. Un Cor. faire Anglois eut avis de ce Vaiffeau qu'il enleva , mais Peraut qui étoit dedans avec Willebon Capitaine, gagnerent terre. Le premier crût être bien en füreté quandil n'aperçüt plus d’Anglois , le fommeil l'ac- cabla dans un bois, les Anglois le farpri-

tent dans cet état , & lui firent fouffric

toutes les indignitez imagrhables , ils le _remirent dans fon bâtiment qu’ un Fli- baltier François reprit.

Saint Jean qui fut fommé de figner L.

même Capitulation du Port Royal n'eûc pas Le même fort , car les Anglois y furent pal N'a &fer retirerent avec c pertes

6 Efifaire à Pa he 4 Quelques foibles que fuflent les Abe: Î #aguis de Lacadie dans tous les Partis: qu'ils détachoient contre’ les Anglais, ils! ne laifferent pas de porter le fer &:le feu jufques aux portes de Bafton, ayant toû- jours été maitres dela campagne: & quand j'avancerois que quarante Abenaouis fe: battirent contre fix cens Anglois qu ils mirent en fuite aprés leur en avoir tué: quantité, c'eft un témoignage que je rends à ces Guerriers qui font les plus redouta- bles ennemis de cette Nation, Lors qu’ils {urent.la déroute des leurs, | caufée par mégard à l’expedition de Beau- vais par Îes Iroquois du-Saut.& de la Mon: ragne, ils en furent fenfiblement touchez, ils écrivirent une lettre à Mr de Fronte- nac fur ce fujer. Souffrez mon Pere, lui manderent-ils , gue je .voss ælle snrerrom- pre Pour un Moment » Pour VOS YaConter mes peines » CAT À qu. un Enfant peut il déclarer fon cœur qw'a fon Pere, Vous fa- eZ, ce qui eff arrive à mon frere l'Jro _quois qui prie , ( c'eft ainfi qu'ils apellent les Iroquois de la Montagne & du Saut, ) al a pris pour CHnEMNS mes parens » Ÿ quel- cques-uns même de ceux qui avolert pen de emps auparavant accompagné Les François que vous avez énvoyé contre les Angloiss gl les sent encore comme £ fclaves, voila

G AMaximes des Irogmois. 87 qui fait ma peine. Je lur viens dire que re- £ardans cet accident comme une pure mé. prife je.n'en avoirs pas l'efprit mal fait, mais que j'efperois que s'en apercevant il l'a de Javonéroi me rendroit mes Parens. Mon Pre , ce Collier que l'on vous prefente eff pour vous prier de fortifier ma parole par “votre voix ; ou plütor de river de vorre cœur plein de fagefe des paroles plus efficaces que les miennes; pour le porter 4 nous les yen ‘dre ; qui viendront demeurer ics avec nous f vous le trouvez, bon. T'aprehende que f on refnfé de nous le rendre mon Frere qui eff à Lacadie ne fe reffente de cela, & n'en ait l'efprit mal far , an licw que je fuis [eur

qu'il mécontera ; quelqnes méchantes pen. Les que cela lus air donné, fi on nous les prend. | dis Posez auf, Morfieur ; le Collier qu'ils adreflerent aux Troquois , mon Frere qus prie, car enfin c'eft le nom dont nous r'a- Pellons depuis que la priere © l'obeïffance & Onontio notre Pere commus nous ont henrenfimens rénis ; je vai te trouver par ce Collier pour te dire que ceux que ru garde encore comme Efclaves font mes P 4. rens , © pour te prier de me les rendre, Me croi pas que j age l'efprit mal fait de ce qui leur eff arrivé, c'eft ainfi que la Guerre eff faute ; l'on fe tue Jonvent fans D Tome 111. | oi

LA

La

88 | “Hrifoite kb. Mœurs 1e

£ connoître les uns @ les autres » ce font des malhenrs qui accompagnent la Guerre

@ que l'on ne peut éviter; Mais th aurois

lefprit mal far fi aprés agoir Pris pour

cunemis tes Alliezmes Parens, ® les ans AIT Menez dans ton Village comme Efila- ges ,tu t'opiniätrois à les garder lors que tu connois que tm as tort. Je mefure tor ef

prit fur le mien, Ji ce qui r'eff arrivé toit arrive que j'en fe pris pour ENNEMIS.

tes Parens, je nem'aperccwurors pas plaie

de ma fante que je leur donnerois la liberté te les rendrois.. Ne croipas; mon Frere,

que je te trompe lors que je te dis qu'ils Jont mes Parens, les François peuvent bien rene

dre témoignage comme quelques-uns de ceux que tuas tué on pris , les ont ACCOMP Age? aufi-bien que nous lors que nous avons été contre les Anglois ; G cela fort pen de jours avant que ce malheur arriva, Je nee dis vien de la perte que tu as faute d'un de tes braves » c'eft lei grand Anié , quoi que je la refente extrémement je fuis ‘occupé à le pleurer avec deux de mes braves que j'ai ani perdus dans cette triffe rencontre > mon -Frere l'Iroquois qui prie. Pleurons les bra= 4 morts > fans que lenr mort Boys renverfé Pefprir a Jépare nos cœurs ; que la priere, (a l'amitié wmilent depuis fi long-temps. Les Iroquais da Saut ë de la PSOVETS

Te RS =

& Maximes des Troquis. 7 fenvoyerent les principaux Chefs & quel: ques femmes , & promirent de rendre les autres lors qu ils les verroient tous difpo- fez à fe joindre à leurs freres qui font ici établis au Saut de la chaudiere,

Je ne faurois paller fous filence lintrez pidité de Montorgueuil Lieutenant, qui commandoit à Chedebouerou , petit Fort de Lacadie, il y avoit quatorze, hom_ mes de Garnifon. Quatte. vingt Anglois ÿ vinrent faire une décente aprés la prife du Port Royal : ils le fommierent plufieurs Fois de fe rendre fans qu'ils en fiffent beau coup d'étar, Ils l’attaquerent vigoureufe- ment , ils ne furene pas moins repouflez, & farent même obligez de fe retirer. f fe trouva malheureufemenc de la poudre moüillée dans un vieux Magafñn qui étoit détaché du Fort, ils en firent des Fufées, par le moyen defquelles ils mirent le fea à un des endroits du bâtiment qui étoit œouverr de paille. Moñtorgueil voyant qu il n’y avoit pas de falut pour fa Garni- fon & pour fa perfonne , leur dit encore, ‘avec affez de fierté, que les cendres de fes ‘murailles lui ferviroient plütôt de tom beau s'ils ne Gapituloient eux-même, plus pour a gloire que pour la leur , & que s'ils _Vouloient avoir le plaifie dele voïr trioni- her ce feroit lors qu'ils le verroient fortir I 2

90 ÆHiffoiré des Meurs : 4 des ruines de fon Fort avec fa perite garni.) fon, & un Religieux de Nazareth qui lui fervoir de Miflionnaire, tambour battant balle en bouche méebe allamée , armes & bagage, & qu ‘il vouloir être conduit à Plaifance en l’Ifle de Terre Neuve. I n'ermr fut pas plütôt forti qu'il fur entierement confommé. HE Les derniers mouvemens que les An- glois firent dans Lacadie fe rerminerentà l'Ifle Percée : ce lieu qui eft à l'entrée du fleuve de fainc Laurent eft lerendez-vous de plufieurs Navires qui y viennent faire la pêche de la moruë, Des Forbans y en- leverent fix Navires , brûlerent une mai- fon des Recolets , en ‘pillerent l'Eglife ils firent plufieurs infamies.. C’eft aflez le caractere de |’ Hererique, de s'attacher pré- ferablement à tout ce qu'il: ya de Pise Saint dans notre Religion.

Monfieur de Frontenac qui prévoyoit toutes les démarches de nos ennemis ne négligea pas de pourvoir à la fureté de Quebec , il en fit rétablir. les Fortifications & régla les Compagnies. des. Bourgeois pour la garde de la Ville. Aprés avoir mis bon ordre à la Capitale d’un fi vafte païs, il monta à Montreal le vingt deux Jai avec Mr de Champig ni,

Montreal étoit comm le centre. Sd tous

ÿ & M aximes de roghois. gr les mouvemens de guerre qui fe faifoient, : l'on y avoit continuellement des allarmes, _les Iroquois que l'on avoit épargnez à d'expedition de Corlard n’en étoient pas devenus plus amis des François , l’on fe æint auffi fur la défenfve. La ChHai affaigne -qui commandoit à la Chine écrivit en di- Jigence à Mr de Frontenac qu'il paroilloit dans le lac faint Lotiis, à deux lieuës delà, «cent canots. Sauvages. qui dédie rhatene. Tous les Habitans de la campagne fe re- mirérent au fignal du canon de l'Ifle. De “Filli raffuta aufli tôt les efprits par la nou- velle qu'il raporta que c'étoit cinq cens Sauvages de differentes Nations qui Ve inoient de Michilimakinax ei traite à Montreal , il étroit acompagné dans fon éanot de quatre principaux Chefs Outa- rouaks & Hurons. Le refte des canots ar. ‘riverenct ke lendemain. Une avanture fingulieré qui arriva à “ne jeune Fille de qualité dans le gouver- nement de Montreal ne fera me ici hors ‘de fa place. : . Madeioifelle Mani ok de F7 ï nie. Fille de Mr de faint Ours, Oncle à la mode de Bretagne de Madame la Ma- nr re de Talard, commandant de vingt- huit compagnies dé: la Marine, âgée de fuir à neuf ans étant allée avec dei jeunes 5

2 Hiffoire des Moœurs _enfans à l’Ifle de fainc Ours , à une demie lieuë de le terre de faint Ours, chercher des noifettes & des écrevifles. Un parti d’'f. roquois vint fondre tour à coup dans cet te Seigneurie, ils brûlerent des maifons. L'incendie fit connoître à ces enfans que. les Iroquois éroient à la côte, ils fe rem barquerentaufli-tôt :commeils coupoient droit fur le Fort en plein canal les Iroquois tirerent fur eux, ce qui les obligea de fe: cacher dans le fond du canot & de le laif- fer aller à la dérive, mais cette petite Da: moifelle fe defabilla bien vite pour fe jec- ter à l’eau, fe flätant que nageant extré-: mement bien l’on pourroit venir à fon fecours. Ces enfans fe mirent à pleurer quand ils la virent fe deshabiller par l’a prehenfon qu'elle ne fe noya ; elle eut la précaution de fe glifler le long du canot du côté de l'Ifle pour n'être pas aperçüë. des Iroquois ; le canot dérivoit infenfble. ment fans être gouverné. L'on fit dans ce moment une fortie du Fort pour aller a2. prés le canot, & les Iroquois fe trouvez. rent obligez de rentrer dans le bois. A mefure que la belle Marie-Anne de. faint Ours aprochoit de terre l’on crûr que c'étoit un chien de la mailon nommé l’écueil qui étoic un fort joli barber , mais à la fuite des Fationnaires aperçurent dut

144 (LR « ÿ:

1 C Maximes des Iroquors. 93 thaut des baftions une perfonne qui na- _geoit, un Ofhcier s’embarqua pour aller au devant. L'on ne fut jamais plus furptis de voir cet enfant qui nageoït de tout fon cœur : quand il faluc la prendre ce fur l’em- baras, car ces canots qui font d'écorce de bouleau , épais d’un écu , avec de petites varangues plates , qui font extrémement volages , & pour peu que l’on penche plus d'un côté que d’autre on les fait tourner. ÆEn éfer , un foldat empreffé de la prendre en dedans par le bras tomba lui. même à l'eau , la jeune perfonne fit aufli-tôt le plongeon & pafla fous le canot, l’on jetta un aviron au foldat qui ne favoit pas au- trement nager : Enfin l'on faifit le nou- veau poiflon par les cheveux. Ellene fut pas du tout déconcertée , quoi qu’elle eut -nagé un quart de lieu & qu'elle eût ‘être effrayée des coups de fufil que l'on avoit tiré fur elle. C’étoit qui la queftion- neroit étant arrivée à terre, & elle ne fon- geoit plus au danger qu'elle avoir encou- Iu , mais fort inquiete des enfans qu'elle “avoit laiflez dans le canot, le détachement ‘qui avoit favorifé le décente à terre les xamena , & chacun ft le recit du petit ;Voiage dw'ils avoient fait dans certelfle. | Cerre Damoifelle s’eft mariée dans la fuice à Mr de Mine Gentilhomme Pro

En

94 Ffiire ass het me vençal, Lieutenant Vaifleau, qui a été

tué à Gibraltar, & elle eft prefentemens

ma belle fœur.

Monlieur de Frontenac dovait8 être con tent de la négociation de Louvigni & de Perrot qui avoient calmé les Nations Al liées, c’étoir le feul moyen pour rallier ces efprits chancelans qui ne favoient auwpara- vant quelles mefures prendre pour fe mer- tre à l'abri de leurs ennemis. Monfieur de Frontenac tint confeil ; fe trouva tout ce qu'il y avoit de Confiderables tant de. la part des François que de elle des Al- . Hez. La Harangue de l'Ouraonak ne rot la prefque que fur le Commerce ils des manderent aufli l explication dela Hache que. Perrot avoit artachiée à leur. cabane, on differa de répondre à à cet article! :°:

Le Baron Chef des Hurons de Michilis ME fat un peu plus-politique sibdit qu'il n'étoit décendu qué pour voir fon Pere, écouter fa voix , &.execurer fes vos Lu , qu'il avoit bobiini de; poudre & de plomb, mais qu'ilnedemandoit rien:à fon Pere ; il prefenta: trois Colliérs. PH exhor< | toit par Le premier à faire la guerre a l'Ea roquois au{fi- bien qu’à l’Anglois. Idifoic qu’il craignoit que fon Pere & lu e mou, ruflent fi cette guerre ne fe faifoit:, mais

que quelque chofe qui & arriva il fallois

|)3 NES : Fe

© Masimés dés Troguois. 9$ mourir enfemble dans le même lieu,

! Par. le fecond il le remercioit de les avoir autrefois attirez à Michilimaxinak, ils éroient en fureté, :

Ille prioit pat le troifiéme d’avoir quel- que égard pour fes camades les Outaouaks,

& de leur faire bon marché. _ Oüaboutchit Chef des Nepifiriniens , qui font de Nation Algonkine , dit que fuivant les ordres qu'il avoit recüs de fon Pere il avoir été à l'attaque de Corlard ; il s’y diftingua beaucoup , ils avoient épargné les Aniez, qui cépendänt étoient venus les tuër jufques aux portes de Mont- real, qu'enfuite montant à Michilimaxi- nar il avoit aufli recû ordre de ne pas at- taquer les Iroquois qu'ils n’euflent com- -mencé les premiers qu'il croyoit par que fon Pere vouloir faire la Paix avec eux, & qu'il lui demandoit fa volonté. .… La craite des Pelleteries fe fit le lende- main; comme elle commençoit la Plaque Jroquois du Saut qui venoit de la décou- verte duquartier des Anglois , arriva à un quart de Jieuëe étoient éampez les Ou. taouaxs, faifant plufieurs cris de mort: ceux-ci abandonnerent leurs Pellereries. prirent les armes &.allerent au devant. -Certe terreur panique fut bien- tôt paflée, ta Plaque leuc apric qu'il avoit fur le '

Hifloire des Mn bord du lac du faint Sacrement uñe groffé armée ennemie qui failoit des Canots, qu'il les avoit fuivis quelques jours pour tâcher de faire un prifonnier , qu'il lui avoit été impoflible, s'étant contenté de porter à. - âne de leurs cabanes trois cafle-têtes, pat lefquels ils leur marquoïent qu'ils étoient . découverts ; les défiant de venir à Mont feal. Ces éafle-rêtes font des bâtons qui ont la figure de coûtelas , fur lefquels ils. fonts des figures qui font connoître [a per- fonne qui commande le Parti, cer avis fervit à faire fejourner plus longtemps fes Outaouaks.' On leur fit un Feftin fo lemnel, compolé de deux Bœufs, fix gros. Dogues , & de Prunéaux , le tout mêlé ent femble. On leur donna deux bariques de vin & du tabac pour fumer. Les Chiens font l'effentiel de ces fortés de Feftins, qui parmi les Sauvages font le finibole de fa. guerre ; & ils ñe manquent jamais d'en manger pour lors. AP EMRE SM - Monfieur de Frontenac leur dit qu'il ne doutoit nullement de leur obeïffance | & quil lui étoit inutile d’en exiger de nou. velles preuves , qu’il leur expliqueroit à Cœur ouvert fes fentimens lors qu'ils fe: toient prêts de s’en retourner à leur païs. Qu'à l'égard la guerre contre les Iro quois qu'ils fembloient tant fouhaiter il

_

_ © Maximes des Iroquois. : 97 prétendoit la leur faire fans relâche juf- qu'à ce qu'ils vinfflent eux même lui de- mander la Paix avec foumiflion : que fi elle £ concluoit ils y feroient compris, n'étant pas moins fes enfans que les François. Je vous remets , leur dit-il, prefencement la Hlache à la main que je vous ai fait don- ner pat Perrot,qui latenuë fufpendue chez vous , & je ne doute pas que vous ne fa chiez vous en fervir dans cette conjon- éture : voyez fi vous voulez aller au de_ yant de cette armée , fi nous l’atten- drons de pied ferme, Comme on ne fait jamais de mouvemens d'éclat de guerre parmiles Sauvages que l’on n'en foit venu auparavant à des marques aflurées, Mon. feur de Frontenac commença la Chanfon de guerre la Hache à la main, les princi- paux Chefs des François fe joignant à lui avec de pareilles armes , la chantereng enfemble.. à . Les Iroquois du Saut & de la Monta- gne, les Hurons & les Nepifiriniens, don- _merent encore le branle : l’on eur dit, Mon- _fieur, que ces Aéteurs étoient des poffe- _dez par les geftes & les contoifions qu'ils failoient. | A Les Saffagouez , les cris & leshurle- mens que Mr de Frontenac étoir oblioé

ge faire pour fe conformer à leur maniere,

58 Éripoite de Murs + augmentoit éncore la fureur bachique: L'on fit enfuite le Feftin de guerre, qui fut plûtôt un pillage qu’un répas.

Le Chevalier de Clermont quitta fa) Croifliere , & eut ordre de côtoyer depuis: Forel jufques dans Île lac Champlain, qui eft le chemin que lés ennemis devient! tenir pour faire une décente en ce païs,: Il découvrit dans ce lac quantité de feux, & entendit tirer des coups de fufil , il en aprocha la nuit & il vit paffer huit canots, dans chacun defquels il y avoit dix huit à vingt hommes qui gagnoienr une Ifle au deflous de Pendroit ils s'étoient mis en _ambufcade : il revint fur fes pas pour n’è- tre pas envelopé du refte de cette armée, il les obferva encore une lieué plus bas pendant deux jours ; enfin comme il crai- gnoit d'être attaqué il envoya deux de fes ganots fauter le rapide Chambli & refta pour être feur de toutes chofes ilfe tint au milieu de la riviere pour les attirer. Deux canots Iroquois lui donnerenr chafe fe , qui ne pürent le joindre. Il retrouva ho gens au bas du rapide , & gagna avec eux par terre Chambli, d il dépécha! Labruere à à Monfieur Fontenac. L'on ne douta plus que les Iroquois ne vinflent, attaquer Montreal, l’on tira quatre coups. de canon pour faire revenir les troupes

qui

44e k \ d | S #1 -

US Maximes des [rogmois, op œui avoient facilité larecolrce des habitans 23e toutes les campagnes voifines.

Il exhorra les Sauvages de fe mettre de la partie , rous les guerriers l’accompa- gnerent, & l'on trouva douze cens hom_ mes à la revûé qui fe fit le premier Sep tembre. Quelques Iroquois du Saut de- manderent deux jours aprés un éclaircif. fement fur quelque foupçon qu’ils avoienc de la fidelité de tous ces Outaouaks.

J Loüis Ateriata pria les Chefs des au. tres Nations de {e trouver chez Mr. de Fronténac, Lorfqu’ils furent aflemblez il ; prit la parole , il prefenta d’abord divers E olliers & exhorta tout le mondeàluiou- vtir {on cœur & à ne lui rien cacher de ce qui s'étoit paflé de plus fecrer, il die aux Outaouaks qu'il favoit toute leur négociation avec nos ennemis , qu'il en avoit été inftruit par eux-mêmes. Qu'ils difent donc s'ils éroient veritablement fre. res des François | par quelle raifon ils avoient voulu faire alliance avec l’Iro. quois fans leur participation, - 1, * Manitouchagan qui avoit été avec la Petite Racine chef de cette ambaflade aux Tfonnontoüans, répondit qu’il étoit vrai qu'ils avoient rendu des Efclaves Iroquois 6 même promis d'en rendre encore d’au- gres ; qu'on les avoit obligez de fäire Ja:

. Zome TII, K

RUE 5 tas EUR MDP 1, ADed fs FT ES : 24

Jeo | Hiflre de Me œurs

guerre , 0 la cefler & de la recommege ‘cer fine qu ils en fuffenc la raion, qu'ils. a'avoiens 1ien compris à cette conduite & que craignant que ceux qui n’avoient:

fe défendre eux-mêmes ne les. Jaiflaf..,

fent accabler fans les fecourir, ils avoien£ été contraints de fonger à leur fureré & de.

prévenir leur pese pat un acommo-

dement. Que cette négociation n'avoit pas été | achevée que la Petire Racine étoit mort

aux Tfonnontouans , que les autres En...

Voyez. étoient à Michilimakinak & qu'ils: p'avoient plus penfé nent la derniere. main à certe affaire dés qu ils avoient recû les ordres de leur Pere "par la bouche de Perrot,qu ’ils étoient denis exprés pour favoir gr fentimens, & qu'ils ne feroient.

pas plürôt en leur” païs qu'ils execute.

roient tout ce qu'il leur ordonneroit. ‘Le’ Baron Chef des Hurons dir que fa. Nation n'avoit ed aucune part dans cette affaire, que dés qu'il avoit fçû. que fon pers. pa faire la guerre à .Froquois, il avoir envoyé contr'eux une partie de FA jeunefle , & qu’ il étoit décendu avec l'aus fre pour le voir. «

. Loüis Areriata ne laiffa pas de fire) plaifr. à. Mr. de Frontenac, de lui avoir! : pesé un FRS de. s'échaieir avec les,

#4

à

#3 Ma aïimes des hréquoiss 16. mu s qui avoient un grand pen- -hant pour fe racommoder avec les Iro- “quois. Ce General leur promit de les mener contre leuts ennemis auffi tôt que Jeurs découvreurs lui auroient aporté des nouvelles : ceux-ci s acquiterent aflez ‘mal de leur commiflion ; n'ayant pas été suffi loin qu’ils devoient : cette négligen- ce nuilit beaucoup aux affaires. En éfet les [roquois étant cachez dans un bois opofé'à l'endroit ces découvreurs a- ‘voient été, examinoient tous les mouve- mens que étre armée faifoir dans la prai- | ie de la Madeleine : Quand ils virent qu'elle avoit repañlé le fleuve pour re- fourner à Montreal, ils vinrent fondre à an quart de lieuc Fe , du côté de fx : Fourche. , tous les Mabitans & la garni- fon du HOe étoient occupez : à couper les. bleds ; 8 comme tous les Moiffonneurs “dtoient 6 écartez les uns des autres y contre Pordre qu’ils en avoïent reçü, &n'avoient auprés d'eux aucunes armes à feu, l'OF- ficier même qui commandoit ayant gligé de pofer des Sehrinelles & d’avoir un Corps de-garde , les Iroquois trouve- rent beaucoup nie de facilité à faire | Jeur coup. Ce fut donc un grand defordre, ‘eh brülerent les maifons, mirent le foi: aux Recolets ,enleverent vingt cinq per-

K 2

dE BEA AT L'H N mo2 Æiffoire des Mens fonnes, dont ils en brûlerent onze à leur retour, tuërent dix foldats , firent un al ‘facre de beftiaux & fe rétros dévant que l’on pût repafler de Montreal. Il faut connoïtre le païs du Canada pour con. damner les démarches d’un Generai quand il fait quelque chofe mal à propos : tout €e païs n’eft que bois , il eft entrecou-. _.pé de rivieres, de lacs, , qui font pour aiofi dire des Mérs , iln'ya donc pas de che- min frayé & tes piftes font toûjours fort incertains à fuivre. L'on tint aprés cette faillie un Confeil le quatriéme Septembre avec les Ouraouaxs qui preffoient fort leur départ. Ils eurent lieu d’être contens de l’acueil que leur Gr Mr. de Franranre 9e

fers PICU ITS Les 2 du bon marché qu'on Leur fi dans la traite de leurs Pelleteries ; ce qu'ils ne pratiquoient pas dans leur pais quand les. . François avoient befoin de vivres. Il leur donna de nouveau des haches qui font en core un fimbole de la guerre , lorfque Per- rot en eut attaché une à leurs cabanes Favoic fait par fon ordre ,parce qu'il ero= voit que c'étoit leur donner la vie que de les engager à faire la guerre aux Iroquois..

Les Hurons qui parurént avoir beau} ; coup d'attache aux interêts des François ,. recûrent en partant toutes lés atout d'eftime qu'ils pouvoient fouhairer.. Ms de

dd; Ai L Lu, - | Wa 4

L id %e CU

œ. armes des Hu 103 k er les affura qu’il ne les abandon- neroit jamais , leur promettant de ne pas quitter la hache qu’il n'eut réduit les Iro- -quois à lui demander la Paix dans laquelle ils feroient compris. Que pour ce quire-

‘garde les: Anglois qui avoient été les pré.

+miers mobiles des troubles il s’étoit à la: - verité attaché à porter le fe & le feu chez eux plûtôt que chez les Iroquois ,que le grand Anié avoit épargné à fa deftru- tion de Corlard parce qu’Auriouaé qui

avoir fair favoir fon retour de France aux cinq. Nations, avoit crû qu'ils feroient rentrez dans le dévoir & feroient venus _demander la: Paix à Monfeur de Fronte-

rnac , mais qu rl n'avoir plus de pee ba, garder avee eux.

.. Monfieur de Frontenac avoit toijours rhénagé l'efpric d'Auriouaé; qu'il eftimoit Beaucoup pour la probité qu'il trouvoit en lui. Voyant d’un côté le peu d’empref- fement que témoignoient ceux de fa Na- ion pour le revoir ,.& de l’autre l'atta- - che qu'ils avoient pour lui . il ne lailla pas de lui laiffer une pleine liberté de pren- dre fon parti. La converfation qu’ils eu- rent enfemble merite vôtre attention. “Écoute: moi bien ,:mon fils Auriouaé, lui dit-il je ne peux m'empêcher de te par | er en Pêse en te découvrant mon cœur ,

k 3

à. Lt

gt MAP “phil ds #rèbre | & te dire que je ne connois rien dans Îes: ‘coûtumes de ta Nation qui ävoit autrefois un veritable ‘efprit d'homme ;. & qui fe laiffe aller à prefent aux legéreréz des etits enfans, : en

J'ai fait ce que j'ai crû dévoir site: en. les avertiffant que je r'avois reflufcité , &c, que tu étois ici avec moi vivant , que je te confervois cherement, & qu'ils te pou- voient venir trouver pour te ramménér chez toi s'ils avoient quelque peu de re- _-fouvenir de ta perfonne. Tu vois con- fideration qu'ils ont pour toi, ou plûtôt le mépris qu'ils en font. |

Tes gens ne fe fouviennent pas l’a- mitié que j'ai toûjours pour eux , je les al adoptez, & que pendañt que j'ai été maitre de ce pais , j'ai fermé la porte de Ja guerre , & je. l'ai ouverte à la Paix. Le tonnerre n'a jamais étonné aucun de leurs enfans, les femmes ont été au bois fans crainte ; j'ai arrêté tous les orages qui les auroit incommoder, iln y eut au- cun fang répandu , ni charogne qui ayene empuanti leurs deferts.

ls ont bien- tôt oublié un Chef fi vai Jant que toi, qu'ils fembloient tant re- grerer, ils ne reconnoiflent guere celui 4 vient de fi loin pour leur rammener.

Ils devroient craindre # je les avois

© Maximes des Froguois. 10$ ltrahis sils me connoiflent, fi je ne l'ai -pas fait quand je l’aurois faire , pen- fent-ils que :je veuille commencer , ou _-qué je fois capable de trahifon. Si les Chefs des Nations étoient venus on auroit racommodé les mauvaifes affai- , res, on auroit püû efluyer le fang de part .& d'autre, & raplanir la terre qui eft plei- - ne de butes & de rochers. + Tu es un homme, jele fçais , je fçais que ton cœur eft ennemi de l’ingratitude , tu as de l’efprit, tu peux connoïtre par -éonfequent ce qu’on dit de toi, tu me ca- che ta penfée ff tune m'avoie que celui -quit'a donné la vie a raifon. Il te renvoyé -ceux que j'ai envoyez pour les avertir .-avec deux enfans. Quoi ! croyent-ils que : tu n'eft pas ce que tu érois avant qu'ils L'a- ‘yent égaré; ne leur peux-tu pas témoi-, .@ner que tu étois confiderable dans ce æempsda , & que tu ne le dois pas être -moins. Si l'Onnontaguez ne s’eft pas vou- lu intereffer pour te venir voir , le Gai- “gouin ne le devoit-il pas faire ? Je t'ai tiré du rombeau , & quand jai _“fçû les malheurs qui ont defolé le Pion- nontouan & qui t'ont ôté la biberté, tu fais ce que j'ai fait pour toi & pour tes “gens, j'ai été caufe que celui qui ra tué & _ qui'nef plus ici s’eft laiflé cuër fans Le

‘66 pifoiré. ui are si venger. Sur ce que j'ai gas 46 au gta À Onontso * en France que vous avez été! | Gas , 1} eft ennemi de la trahifon. | Je m imaginois que toutes les Nations: | | reconnoitroient à qui mieux mieux un Pes re qui venoit à leur fecours ,& qui s'étoit allé repofer-en fon premier païs voyant’, tous fes enfans en paix. J'atrendois uñe. grande reconnoifflance de trous: les Villa. ges pour le remerciement de la vie que: _j'aurois recouvré à Auriouaé, homme: dE enr parmi eux. é ai pleuré aprenant ton malle, j'a pléuré la defolation de Tfonnontouan, je. Fai crû devoir faire car vous m'avez ag. trefois trop aimé pour n'avoir pas les ten- dreffes que j'ai avoir pour lesverita-. bles enfans que j'ai adopté le premier 5: c'eft ce qui m'a obligé de te faire rendre: Ja vie qu'on t’auroir ôtée, & tu es vivant.- Mes predecelleurs avoient adopté les: Outaouaks & leurs Allieziavant que j'ar- rivaile , mais c'ef moi-même qui vous.ai: nommé les enfans d'Ononrio ; uniflant vo- tre cabane à. la mienne: ; ‘vous avez été trahi pendant mon. abfence vous ne l'avez jamais éré en ma. Perfonne, prenez-vous à l’Anglois qui a" voulu divifer les eprise & renerher le

à né. SAR ? . : ME ÿ F N ER à ‘4 d é 4 PT. ; ne on: #

# Le Roï-

2 CR in -: ‘8 #

ë Harimes des HT ._ #o7 |

. qui depuis a été enfanglantée de vo- tre lang , de celui des François , &.autres

qui étotent vos freies, ‘eft ce quim'a ob:

lige de me venger moi. même en vengeant mes enfans par Corlard * qui a été brû-

Jée, il ne tenoit qu'à moi de faire romber

ma ‘jeuneile fur Anié,on ne lui auroit pas _refiité , mais j'ai coûjours el un cœur de Pere, & bien loin de faire du mal jai com- _mandé que fon en trouvoit on ne leur dir mot; mes ordres ont été executées.

Ai Tes gens n'aiment guere ton promt re-

tour, puifque une Ambaflade de fous qui eft arrivée chez eux les a retenus fi long- Xemps, & les a empêchez pendant tout un “Hiver de ce venir voir, quoi qu’ils ne fu£

éncici. Si Teganïforens, Tegarôhais, OU quelques autres Confderables étoient ve=

“nus ils auroient fait leur devoir, & j'au- æois connu le confideration qu ils ont pan -

toi.

Hi Je connois le mauvais cœur de ta Na- tion, fi elle avoir bon deffein de rac- Dbiméder les mauvailes affaires elle au- roit envoyé des Chefs qui auroient con:

clu-une bonne Paix avec toi, qu’il regarde

‘comme leur grand Chef, ils croyent être le doininateur de la terre. Tu le fais, Au- “riouaé , ff je perds à la guerre j'en puis

* ville de la Nouvel'e FOR À 50

Re ge LE NES HUM if

t68. . © pripobre à des Haut "Si S fecouvrit tant que je voudrai, tu n'as que l'ombre du François en France : juge ce qu'il eff & cequil peut. :-

Qu'ils PA que le Fort Frontenac m'eftinutile, fr; 1 j’ai fait la guerre je ne l'aÿ fait faire que pour les aller voir en Pere & non en ennemi, je ne leur ferai pas la! guerre s'ils ne me l'a font , je ne Les tuë= _fai pas le premier, mais je l entreprends’ je ferai des Forts au milieu de leur païs les forces me viendront de France quand! je le demanderai, qu'ils prennent garde d'allumer le feu de la guerre, il leur fera; peut-être bien difficile de l'éteindre. qu” "ils ñ'animent pas trop le es gd » *jà Fai apailé..

Quand j'ai fait renaître Moi au j'ai prétendu faire rehaîcre un veritable Fils, qui eft un cœur de Fils pour moi, afin que tu euffe en moi un Pere qui fac tout à toi ; & fi ta Nation a fi'peu de confideraë tion pour toi , fache que je veux que 1 ‘fois confideré de roure celle des François.

Dis-moiun peu pourquoi tes gens ont: ils en fecret des pourparler avec l'Ouz taouax , croyent-ils que j'en fois jaloux, j'aime leur union & c'eft ce que je fous haite? mais s ils font la paix entr’eux fans que j'y fois apellé qu'ils ne viennent pas

# Le Roi.

AR 4 ù & Hours ges Rte 108

D: à l'avenir des differens qu'ils pour-

soient avoir enfemble, :

Tu fais ce.que j'ai fait pour ta Nation & pour tes Alliez , les Nations d’enhaut, ñe vous ont. jamais tuémlepuis la Paix pen- dant que jai gouverné , quoique votre jeunelle égarée leur aye Éntevs des Villa- ges entiers , je les ai empêchez de fe ven- ger quand vous m'êtes venu parier

Tu crois que je croirois ta Nation mes verirables enfans ,& res gens femblent ne me plus vouloir pour pere. N'auroient- ils pas été défaits, & yen auroit- il un fi des ce temps je RPéiois joint à mes autres £nfans, .

Jaider POP &fi Theganifforens ne

<raint rien ,Ouvre-moi ton cœur, je fuis indigné du: mépris que tes gens ont pour Li & pour moi:

Rien n’éroit plus touchant , Monfieur ; que cer entretien , & la maniere avec lac quelle Auriouaé recûr ce que Monfieur de Frontenac lui di, fit bien juger. dans la foire qu'il abandonnoit fa Nation ; pour n'écre.plus qu'un même cœur r& un même efprit avec lui,

_ Je reviens aux Outaouaks qui étoient wenus faire la craite à Montrea , ils s’en etournerent chez eux aprés tous leséclair,

| Fe l on avoit jugé : propos, d'a

c2

L f À

X 8 # DES + Log 2 TER } t x A7 TE ÿ LOUE "4

ere Hifloire A Ar RAR voir fur leur foupçon que l'on avoit de” leur fidelité. jui “44

{

Quatre jours aprés leur PRRAIS. on prie la mort de Defmarais Capitaine réformé, | qui commandoit le Fort de ARE j Trois Iroquois qui l’avoient trouvé un? peu à l'écart lui caflerent la rête à coups de hache , & comme ils n'eurent pas le temps de le enlever la chevelure ils lui arracherent trois doigts de la main ; ce leur eft toüjours un trophée de gloire, re pourvû qu'ils puiflént aporter chez eux quelques preuves de leur expedition, cela {ufht pour être eftimé.

Le Chevalier de la Mothe Capitaine! réformé eut peu de temps sp un fort. auff fatal au lac faint Pierre. En éfet, étant à la tête de trente-quatre hommes il (ur? prit des Iroquois dans leur cabane fur qui” il fit faire une vigoureufe. décharge de moufquererie: ceux qui en échaperent ga=" gnerent bien vite deux cabanes que l’on. n'avoit pas découvertes , ils fe rallieren£

enfuite & donnerent tête baïllée fur les” | François qui n’avoient pas obfervé' d’or dre dans leur attaque, dont il ne fe fauva” que la moitié : la Moche fut tué & on ne”

pôt favoir ce que devint Murat Lieutenant . Monfieur de Frontenac eétoit cobjouts| fort en peine du Chevalier d'O qui n'é si pois

it é Maximes des keoeèis NT toit as revenu de fa negociation , il en- : voya au Fort de Frontenac Manrers Pe. rigni, faint Pierre & Monteflon , avec les _ deux Fils de la Valliere Capitaine de fes gardes, accompagné de trençe hommes , pour faire quelques Prifonniers par 1e. np on püt aprendre de fes nouvelles & s deffeins des Iroquois. Sur ces entrefai- tes le Major de Quebec dépêcha un canot À Mr de Frontenac pour li donner avis de l'arrivée d'un Chef Abenagui qui ve- soit exprés de Lacadie, Je viens inceflam. ment, ditce Chefau Major , pour t'aver- tir que j'ai apris par une Angloife confides ‘sable que nous avons prie prés de Pefas ‘doüet , que trente Vailleaux , dontil y en a trois fort grands, partent pour venir ‘prendre Quebec; que ces Vaifleaux font de Bafton & de : ne Villes confideras bles, que les Anglois le vantent qu'ils le | tendront auffi facilement qu’ils ont pris le Port Royal. Auffi-rôt que les Chefs & lesplus Confderables de notre Nation ONE. apris cette nouvelle ils ont jugé qu'il fal. Joït avertir inceffamment le grand Capi= taine de Quebec. J'ai été douze jours à venir , ainfi il doit y avoir fix femaines depuis ‘le départ de ces Vaifleaux. ° | Ce Chéf reclama aufli les Abenaguis 2 les Iroquois du à ie & de la Mon- Tome TILZ, L

f

AR SR ui Los

* L 1 Los $ |

M jen FA è + TONER

NN ‘2 2 3 Fe

re Eu: Hifire dès PU EUR gagne avoient enlevez dans note de Beauvais. Il témoigna encore que les prine _cipaux Chefs de fa Narion ne pouvoien£: pas décendre cette Automne pour . lui ve- cnir parler comme ‘ils l’avoient-; promis,

parce qu’ils étoient a@uellement en guer- re, qu’ils tâcheroient d'envoyer quelqu’ un for la fin de l'Hiver prochain, & quils: a ‘voient refolu de faire aprés Noël une it ne ete far les Aûglois: 101.0

La nouvelle de cette Armée fut one) mée par Cannanville, qui l’avoit aperçüë a Tadoufac, Monfieur de Frontenac ne balança pas de partir aufli-tôt de Mont- ical , il en reçût encore à quinze lieuës la confirmation, ce qui l’obligea de dépêcher _Ramezai au “Chévatiek de Calliers , afin qu'il ft décendre Les Troupes & une pas tié des habitans. | _ L'arrivée de Mr de Frontenac à a Que- bec fit un bon éfet, & quoi qu il ne pût amener d’abord que trois cens hommes: avec lui , les habirans qui naturellement font guerriers crurent être à l'abri de cout incident quand ils eurent leur General. Le Major ne laifa pas en fon abfenée de pour: voir à la fureté de la Place, ayant faît ra chever les Fortifications. Defchéraë Capi- taine, qui fetrouvantà Quebec: par ordre de Mr de Frontenac, ferwit veau dans) Fete gonjonéture.

_ # ? ts 22

. #

We î

h Le beau fleuve de faint Laurent forme

in grand canal devant Quebec, quia une

_ lieué de large de la côte du Nord à celle du Sud. La côte de Beaupré qui eft celle - du Nord eft feparée de Beauport par le

_ Saur de Montmorenci, dont la chute fait

une des plus belles Nappes du monde, Et entre Beauport & Quebec il ÿ a une*pe- tite riviere que l’on pañle à quai de baffle Mer: La pointe de l’eau fameufe par un rocher de Diamans fait celle du Sud. Que- bec eft placé vis-à-vis cetre pointe ; -OÙù ut peu au deffus , ileft divifé en haute & balle

de la haute Ville étoit bien palifladée,

îles endroits ouverts il n'y avoit pas de portes étoient barricadées de poutres &.

x. axties Iréghiis. . NE |

Ville, qui ont communication enfemble . .'que par un chemin fort efcarpé. L’enceinte.

\

de bariques pleines de terre. Le chemin

de la haute & la baffle Ville étoit coupé par

trois différens retranchemens de bariques _& de facs à terre. L'on dreffa des batre- “ries de part & d'autre: L’on fe fondoit ce: - pendant plus fur la refolution que l’on

avoit de {e bien défendre que fur la bonté”

Mes Fortifications. L'on vit donc paroitre

à la pointe du jour cette Hotte Le Le Lept Oobre. +

‘Miral , & vint à terre.

à Une Chaloupe portant à l'avant “Payil: Jon blanc , partit far les dix heures de As .

4 | ‘Hire no M ei je Quatre canots de la Ville allerent au

devant, portant le Pavillon de même, c'é- | À - pagné d’un Trompette , qui venoit fom-. . mer Quebec. On le fit paifer feul dans un

toit l'Envoyé du General Phips , accom-

_de ces canors , on lui banda les yeux, & So

“fut conduit ss Forc, Ilfe trouva en arr

- vant dans Ja chambre de Mr de Frontenac

extrémement fatigué d’avoir exealadé les barricades. Aprés qu’il fe fur un peu remis .

il Jui prefenta la Lettre de‘fon General qui étoit écrite en ces termes. Srenr Guillanme Phips Chevalier ; &

\

Commandant general en-Chef für toutes les. forces de leur M ajefté dela Nouvelle An=

glererre par Mer © parterre. An Comte! de Frontenac Lrentenant general œ Gon-

=

Verneur ponr le Roi de France en Canaia,.

on en [or abfence à fon Dépuré 01 à célns

qu commande en chef à Quebec. | Les Guerres entre les denx Conronnes

d’' Angleterre de France ne font pas feu-

lement mn motif; mais la deffrulhion faite

par les François © Sauvages fous votre commandement , © encouragement fur les

perfonnes © biens des Sujets de leur A14a- fellé de la Nouvelle Angleterre > [ans ab. une provocation äe leur côté les 4 obligex. & faire cette expedition bonr leur rep a

dureté G' doit

45 in LL à di = TE N ne { we ,

4 Te d | & "100 des Jroguois. hf Comme anÎf Les barbaries © cruantez qui vont été exercées par les François C7 Sauvages pourroit par cette prefente occa- fon nous engager à nous revenger feveres : ment, cependant étant defireux d'éviter des aëtions inbumaines © contre le Chri- _ franifme ; comme avi pour prévenir l'éfu= fion de [ang autant qu'il fe pourra > moi “ci-deffus Sieur Guillaume Phips Cheva- dier; par ces prefenres © an nom de leurs vrés- excellentes Majeflex Guillaume GC Marie, Roi @ Reine d'Angleterre, Ecofc fe sÆrance O"Trlande ; défenfènr de la For, © par ordre de leurs fufdites Majeftex, Gouverneur de M affacaftet , Colonie dans. da Nouvelle Angleterre, demande que vous LS à vendre vos Forts G Chateaux [ans être démolis , comme auffi tontes les Mn mitions fans être touchez, comme aufli une prompte délivrance de tous les Captifs en _fémble ; avec la délivrance de V0 perfons Las @ biens à ma difpofition. TR _ Ce que faifant Vous pouvez, efberer Par dr de moi comme:un. Chrétien ; ainfi qu'il fera jugé à propos peur le fervice de leurs Sujets. Ce que fi vons refafez, de faire je fais venn pourvu © refiln , avec l'aide de | Dieu dans leqnel je me fie par force d'ars mes ; de revañcher tous léstorts injures gui nous on été faites; © de vons FENATE

E >

16. | Bliffore Fe dre: : | fous la fie de la Couronne d'higtes

terre; © lors que trop tard vous le VoHs drex faire s Vous Jarre regreter de n'avoir |

pas nee accepté la faveur. que l'on vous .

Votre réponfe pofiri rive dans nne hors r ren!

duë par votre Trompette ; avec le retour. du mien eff ce que je vous demande far À

de peril qu'il pourra s’en Jamie Signé

Guillaume Phips.

Aprés que la Lecture de cette Leurrd d

LA

fac faite l'Anglois tira une Montre de fa 4

poche qu'il prefenta à à Mr de Fronteñac, & lui dit qu’il lui donnoit une heure à Ve

déterminer. Notre General tépondit à à cet |

Envoyé d'un air aifé qui marquoit par fon

intrepidité tout ce qu'une raillerie fine & délicate pouvoit infpirer. Celui. ci qui

voyoit aller & venir quantité d'Officiers

-dans les fales du Fort ne favoit qu'en pen= 1

fer. Allez, , lui dit-il en le congediant, |

allez dire à votre General que je n'ai pas \

* de réponfe à lus faire que par la bonche de:

mes Canons C à coups, de Fufils ; quil nprenne que ce n'ejf pas de la forte qu'on

envoye fommer un homme comme mor; ®. quand je vondrois me rendre tous ces bram |

ves Offcrers que vons voyez, #°y confentis | voient jamais. On lui banda enfuite les. yeux & on le conduifit à la chaloupe,”

;

SE ne

: hd SEXES

: A. f & M aximes We Hroghot. STE ù aprés: Jui avoir fait faire exprés encore. _ plufieurs efcalades. Les Anglois mirent _ pied,à terre fur les dix heures du matin au nombre de deux mille hommes , entre _ Beauport & la’ Petite Riviere. Comme . l'on étoit incertain de leur décente , il ne _ fe trouva guere de monde à les y rece_ voir , à peine trois cens. hommes purent fe joindre. | | Les Anglois marcherent d’abord en or. dre de bataille, mais nos Canadiens qui fe baftoient à la Sauvage voltigeoient in- _ceflamment autour d'eux d’arbres en ar. bres , ils firent plier le premier bataillon, & ils l'obligerent de regagner la queuc: : les ‘décharges continuelles es incommo- _ doiïent beaucoup,on leur tua cent cinquan- te hommes , jous perdimes le Chevalier _ de Clermont c Latouche fils du Seigneur de Champlain ; nous eûmes douze hom- : mes de bleflez , entr'autres faint Denis. âgé de foixante ans, qui cemmandoit la Milice, de Beauport lequel eut le bras | café, Æ + Les quatre plus g gros Vailleaux vinrent Moüilter far le foir devant At le . contre Amiral qui portoit Pavillon bleu fe pofta un peu plus fur la gauche, pref- que vis-à-vis du Saut au Marelot ; l'Ami- | “l étoit fur la droite , le vice- Amiral au

:

MA 19 4 [AR

ie

#47 + FAC £ 8 Re +R h" s x f \

ue”,

18° j: “Hifloire des red, deffus , tous deux vis-à-vis la baffe Ville: #4

N

Ut le quatriéme qui portoit la âme de.

Chef d’Efcadre fe mit du côté du Cap a Diamant; les canonnades furent allez vi: goureufes de part & d'autre à huit heures du foir. | L'oh recommenca le lendemain à la, pointe du jour , & lon s’aperçüt que ce. grand feu des ennemis commençoit à fe ralentir ; 5 en éfer , le contre- Amiral qui. avoir tiré Le plus vigoureufement fe trou: va fort incommodé par les batteries du Saut au Marelor & celle d’ en bas :1il fue obligé de relâcher le premier , l’Amiral le fuivit d’afflez prés avec beaucoup de précipitation. Saint Helene Capitaine Cas nadien qui favoit aflez bien le comman: dement du canon ,tira plus de vingt coups dans le corps de fon Vailfeau , dont plu- fieurs le percerent à l'eau: RCA fes Ma- nœuvres éroient hachées fon grand Mats prefque caflé à qui on Far ob igé de met- tre des jumelles, beaucoup'de morts:& de bleffez dans fon bord; enfin l'Amital. peur de fuccomber tour. fait fila fon cable &. fe retira tout délabré. , aprés avoir fon. Pavillon coupé d'un coup de canon. Ce. fier General qui deux jours auparavant. avoit promis pardon au Comte de Frona ienac, fe trouva lui-même prefque à la |

# Li

4 %

ne @ tes de: PPS PAL

merci de celui qui le châtioit de fa

merité.

Monfieur. Frontenac qui avoit | il

à tout fe mit le Vendredi à la tête de trois Bataillons de Troupes reglées , en decà de Ja petite riviere ; pOur Y 3 ar les en-

nemis qui ‘firent une feconde' décentre,

D'un autre côté Longueil & faint Helene

fon frere , avec quelques François, come | mencerent far les deux heures les "efcar-

mouches à la Sauvage contre la tête de

l'Armée, qui marchoit en bon ordre le

long de la petite riviere. Ceux des enne-

mis qui s'étoienc dérachez du gros furent

_obligez de le regagner pour éviter le feu . de nos T roupes qui étoient en embufcade, Saint Helene eut la jambe caflée, Lon-

| gueil reçÜût un coup de fufi! , & eût été î tué fans une corne à poudre. qui fe trouva

i à L endroit donna la balle :nous perdis

mes deux hommes , il yeut deux ou trois

Etes : ; les pes ÿ firent une avffi

rude perte qu'a la premiere décente. Villieu Lieutenant réformé demanda le

| nus par grace à Mr de Frontenac Je commandement de quelques foidats _debonne volonté. Aprés qu’il eur fait le coup de fufl quelque remps il eut Padrefle d’actirer les ennemis dans une ambufcade

qu ‘il leur avoir dreffée,où il fe barcit longe

=

-. Fri fhÿre de ua pos se Ron. ik firent auffi-tôt un die pour l’entourer . , qui fut chargé par les. habitans de Beauport, de Beaupré , & de, l'ifle d'Orteans. Cubande &c Beaimandirt 1 vinrent à la charge ,on licha le pied i ins, fenfiblement pour Les attirèr encore pro- che d’une maïfon fortifiée de paliflades;, qui écoit fur une hauteur, tous nos gens s'y jettérent toût à coup. Les Anglois s’y acharnerent extrémement par le nombre des gens frais qui fe relevoient, mais cet te petiteretraite ne fit qu’ augmenter leur perte. Monfieur du Pui Lieutenant parti- : culier s’avifa ( je ne fai par quel motif }. de faire fonner le toxin à la Cathedrale + cette allarme donnée à propos caufa tant de trouble & de defordre parmi les enne-

mis qu'ils {e . -jetterent pêle-mêle dans les chaloupes à la faveur de la nuit qui étoit. obfcure & pluvieufe , ayant abandonné” cinq pieces de canon , cent livres de pou die ,une cinquantaine de boulets. Deux Vailleau qui étoient dans l’arice des Mers ne jugerent pas à propos de refter pour les gages, ils mirent à la voile pour re-. joindre leur flotte ; ; on les falua à boulets. en pafant. Soubrecalle & Dorvilliers Ca: pitaines fe jetterent avec cent hommes dans l’Iffe d'Orleans ; de Villieu eut ordre. de décendre aufli au Cap Tourmente pou

mg

dr | ‘2 à M aximes des Jroquois. ÿ?y i empêcher quelque refte de décente. Tou- te la flotte mir à la voile & ne parut plus, de Mademoifelle Lalande qui étroit prifon- -niere dans l’Amiral propofa au Chevalier “un échange, lui promettant de la négocier auprés de Mr de Frontenac ; il la lailla dé. _“barquer fur fa parole. Elle “en le foir . à fon Bord lui dire qu elle feroic vis à. vis endroit ils étoient moüillez. + De la Valliere fir le lendemain la négo- iarion , il’n’y eut de confderable que Île _ Capitaine Denis qui commandoit le Fort _ de Kefkebaye que Portneuf prit , & les deux Filles de fon Lieutenant qui ÿ fe tué, -De-la Valliere trouva le fecrer de gar- : 2 le Miniftre de l’Amiral, fur la d'fi- _culté qu’il faifoit de HAMENTE Mr Trouvé _ Miflionnaire de Lacadie : enfin l on fic l’é É« _ change de bonne foi. Le Chevalier Phips eut beaucoup de. | peine à arriver à Bafton, d'où on aprit que le peuple étoit dans une extrême con- i fernation de toutes les diferaces qui ar- _riverent à fa lotte ; huit Vaifleaux firent naufrage dans le fleuve aprés la levée du Siege, plus de huit cens perfonnes pe por ut _ Quelques Abenaguis de Lacadie atriq Werent peu de jours aprés, qui raporterent pue nouvelle allez patciculiere des Ir0«

TT) A |

pe Hiffosre des ae A coBl Ces Sauvages qui ne font jamais malades furent atraquez de la petite Ve. role que les Anglois leur avoientcommu- niquée : cette maladie qui leur é étoit incon- | nuë fit plus d'expedition que l'Art Mili- taire ; il en mourut quatre cens, & cent Loups, & même ceux- ci idétatètes grand Village tout defolé, dont il n’en réchapa : que feize. Dans le temps que les enne- mis venoient affiecer Quebec il {e fit un parti confiderable d Anglois &d'Iroquois,

pour attaquer en même temps Montreal; la petite Verole fe communiqua heureu- fement dans le Voyage parmiles Iroquois dont ilen mourut une centaine : ils étoiene fi éfrayez de cette mortalité qu'ils fe baie avec les Anglois qu’ils ne vo- voient pas mourir comme leurs camarades, Les Anglois de la Nouvelle Anglererre qui ne voyoient aucune fureté dans leurs habitations par les irruptions continuelles que les Abenaguis de Lacadie faifoient fur eux, leur propoferent la Paix: Ceux= ci répondirent que ny eux , ny leurs en- fans , ny les enfans de leurs ’enfans, ne la feroient jamais avec l’Anglois qui les 22 voit fi fouvent trompez. L'on rendit gra- à ces au Dieu des Armées de ce qu'ilavoit fait au Canada, on porta à la Cathedrale

avec pompe &c ma gnificence le grand Pa villon

; é Ma AXImeS Fe I roguois. Dh F1

_willon de l’Amiral qui étoit combé dans let _ fleuve , & celui que Portneuf avoit pris dans Lcd j 4 _ Monfeur lEvêque des le Te Deum, on fit une Proceffion Solemnelle & Mr de Frontenac alluma le foir le feu de joye an bruit du canon & de la moufqueterie des Troupes qui étoient fous les armes. L'on a bâti depuis une Chapelle dans la = baffle Ville fous les aufpices de notre-Da- me des Victoires, l’on va tous les ans en Procefflion réndié graces à Dieu de certe Viétoire le même jour quelle a été

| pinpartee)

Je ne faurois finir, Monfieur, cette Let. tre par un endroit plus agreable n’y plus

glorieux pour la memoire de Monfeur le

R Comte de Frontenac , vous affurant ef même temps que l'on ne peut étre ayee

prie de pes que je le fuis ;

.

_ MONS IEUR :

HORS Votre trés- Rene &ee. |

Tome LII. - M

px | Eifloire des Maurs.

AANNNEENNER M“ IIE LERER E

Rsne dans le PE Le

Dépntez de la Part des. his de LE “pe |

cadie au Comte de Frontenac » QUI S'EN>

| gagent à Wne guerre srreconciliable con

tre les Arglos.

Quarante Efpions Frogheis, s 'établifent a

Sant pour favoir les monvemens. des François.

Lois Ateriata Iroquois du Sant, Filleul

du Roi, reçoit nn Collier de la part des

Tr oguois.

md

Combat fort opiniatre dans La prditié de la MMagdeleine contre les Anglors , les |

Iroquois » G Les Loups.

De V'allerenne C apitaine d'une Cobiphgnie _ d'un détachement de la Marine, tulle.

en preces les ennemis. La Foreft Capiraine réformé ; porte aux Ontaohaks les du Ro,

Moxsur,

Le rang qué vous tenez dans le plus Augalte Parlement de l'Univers eft moins

à

3 ë Marins du Troquois. Hg éftimable par lui-même que par le luftre _ & le brillant qu'il reçoit de l'éloquence que vous y faites paroître. Heureux le ar qui implore fa juftice , toûjours content des Arrêts qu'il en raporte. Les Princes même fe font l'honneur de vous

remeccre leurs incerêts à déméler. Sufpen- _dez, je vous prie , un moment ces occupa

tions importantes pour vous précera quel- ‘que amufement qui regarde les païs éloi=

nez, Je veux vous parler, Monfieur , de la Nation Abenaguile, fi fidelle aux Fran - gois, & d’un des plus rudes combats qu’il / ÿ ait jamais eùû en Canada,

La mifere eft pour l'ordinaire infepa able de la guerre, & fouvent fuivie de la famine : ; le Canada qui fe voyoit d’un côté ‘foulagé par Ja retraite des Anglois , , fe rrouva tout a coup réduit dans un brac pi- toyable & dans une difetre de toutes cho- fes neceffaires 2 à la vie, Le bled valoic douze à quinze franes le minot,le vin cene écus la barique, l’eau de vie fix cens francs & toutes les autres marchandifes à pro portion. Monfeur de Champigni qui vo- voir que les Magafns du Roi n'avoient plus de vivres que pour un mois , fit dif- perfer les Troupes chez les habitans, qui furent obligez de les nourrir pour leur

* folde, Cette calamité publique , qui dure M 2

!

T6 Hilaire des M œurs vs fix mois. , empêcha que l’on n'envoya des Partis à Loir & à gauche contre les An- glois & les Iroquois, & nous les laiffames dans une efpèce de Letargie : zils ne firent pas moins à notre égatd.

En éfet ,un Soxkoqui de Nation qui a- voit été pris proche d'Orange fe fauva & vint aux Trois Rivieres; il raporta qu'a- prés qu'il fut pris on le conduifit au haut du lac Champlain, s’éroient affemblées les Nations Lroquoifes & autres Sauvages alliez des Anglois,que les Iroquois éroient au nombre de neuf cens Tfonnontouans, Goyogouens & Onnontaguez , & de qua. tre cens foixante & dix Aniez , Onneyÿouts, Loups, ou Mauraigans, qu ‘ls avoient tra- vaillé l ‘efpace d’un mois a faire des canots, que pendant ce temps les Anolois leur a- voient fourni des vivres & envoyé quel ques caffertes fermées , dans lefquelles les Sauvages difoient qu il y avoit des habits empoifonnez qu’ils devoient laifler en pile age aux François.

Lors que les canots furent achevez fei- zecens Anglois fe joignirent aux Iroquois dans le deffein de venir artaquer Mont- real, ais quand il falut s’embarquer dans ces canots d'écorce fi minfes ils ne vou- Jutent jamais s’y hazarder. Les Iroquois ‘furent fi irritez de ce procedé qu'ils leur

Re. EE

"1!

G Maximes des Jroguois. 27

firent beaucoup de reproches fur leur peu de bravoure. Ils leur dirent que les Fran ‘4 çois n'avoient point toutes ces delicatef.

es , & qu'ils s’'apercevoient bien qu'ils

_étoient incapables de les fecourir, nonob- flanc qu'ils les euflent détournez de faire . la Paix avec nous, que bien loin de leur

aporter quelque avantage ils venoient de faire mourir quantité de leurs gens par le

poifon qu’ ils avoient deftiné aux François. Il mourut à la verité en trois jours trois

cens Tfonnontouans, Goyogouens, & On- nontaguez, quatre-vingt dix jeunes Aniez & Onneyouts, cinq à fix cens Anglois,

foit que cerre mortalité vint de ces pré tendus habits empoifonnez ou de quelque maMdie contagienfe. |

. La des-union les fepara :les Iroquoig tuinerent de dépit tous les grains des en

_ virons d'Orange , & tuërent la plufpart

des beftiaux. Cetincident vint bien à pro- pos, car toutes nos Troupes étoient dans ce temps du côté de Quebec, qui étoit

Aflez embaraflé à fe défendre contre l’ar-

mée Navalle des Anglois. | | Le Comte de Frontenac qui connoiffoit.

la valeur des Abenaguis avoit fait fon pof_ fible pour les attirer dans les Partis qu'il avoit détachez l’année paflée de ces cô- tez-çi : le manque d'habjrs, me poudre

_

128 Hiffoire des Maœurs de plomb , & de fers de fléches, les avoit obligez de refter chez eux. Il en arriva -cependant au mois de Mars de Pentagouét qui le prierent de ne pas prendre en mau- : vaife part le profond filence qu'ils avoient tenus à fon égard , que le plus grand cha- grin qu’ils avoient étoit de n'avoir fairau- cune entreprife fur les Anglois pendanc l'Hiver, quieft la faifon la plus favora- ble, que ce qu'ils leur avoient déja dé- claré fufhfoit cependant pour ne pas dou- ter qu'ils ne feroient jamais de Paix avec eux ; & que fi malheureufement il ne pou voit leur donner dequoi continuër la guer_ re, ils fe ferviroient d’os de bêtes pour - dards de fléches , & ne cefleroient de les harceler. Qu’au relte ils le prioient de leur faire rendre leurs freres que les Iroquois du Saut tenoient prifonniers , que quel- que fujet de plainte qu'ils euflent contre : eux de ne les avoir pas renvoyez , ils re- mettoient cependant tous leurs reflenti- mens entre fes mains , comme des enfans qui cherchent le moyen de vivre en bon- ne intelligence avec leurs freres.

Le Comte de Frontenac les remercia de leur bonne volonté , & les congratula de la fidelité qu’ils avoient toûjours con- {ervée pour la Nation Françoile, les af. farant qu'il ne les abandonneroit points

% ae RTS Ex

SAS dE

NP RAGE SES

| (a Maximes des Tibabois. 129 Tl'avoit déja prévû le befoin qu'ils pou. voient avoir de balles & de poudre qui: leur avoit envoyé par les terres : il promit qu'aufli- tôt que la Navigation feroit libre il envoyeroit une Bifcayenne par mér , & des canots par la riviere de faint Jean, qui leur en porteroient encore avec des flé- ches & des marchandifes , & qu'il leur _donneroit un fecours cotnéderabt à l’ar- _rivée des Vailleaux du Roi. Il les conge- dia aprés les avoir régalez , & fait des pre- : fens à a tous les Chefs en particulier.

Quoique les Iroquois fe fuffent broüil: lez avec les Anglois , ceux-ci cependant qui ne connoifloient que trop l'utilité de les avoir pour amis ; ménagerent encore _Jeur efprit, on ne le. reconnut même que trop dans la fuite.

Des Iroquois du Saut & de la Mon- tagne qui étoient à la chafle proche de €hambli , furent pouflez vigoureufement par un gros parti d’Afniez & d'Anglois qui en enleverent dix. L’on fut furpris deux jours aprés de voir arriver au Fort du Saut trois Aniez fans armes , qui ramenoient deux Sauvages. On le Ft een plus lors - que l’on vit arriver les autres avec qua- rante de cette Nation, fans armes , dont la. plufpart ne voulurent pas s’en retour. ner chez eux. Ce fac une conduite judi

HO Hiffoire dss Murs cieufe que les Aniez vouloient tenir pour penetrer infenfblement l’état des affaires, & pour infpirer aux Iroquois du Saut de quitter les interêts des François & de s’en retourner en leur patrie ; ils déguiferent donc leurs fentimens. L'on peutdire que l'Iroquois eft judicieux dans les mefures qu'il prend pour fonder Le fort & le foi- ble de fon ennemi, qu'il eft penetrant dans les affaires les plus cachées ,.& qu'il gar- de bien le fecrec fur les moindres ouvet- tures qu'on lui fait, Ceux. citémoignerent d’abord qu'ils étoient las de tuër & d’être: tuez , que les Aniez n’éroient pas éloignez de la Paix , qu’ils tâcheroienr même de la faire agréer aux autres Nations Iroquoi- fes, & que pour marquer le defir ardent qu'ils avoient de finir la guerre ils étoient venus en diligence nous avertir que buic cens froquois étoient prêts de tomber fur nous, & de ruïner tout ce qui étoit entré Montreal & les Trois Rivieres.

Les guerriers demandent la Paix, di- foient.ils ,& l’ont déja concluë fans la participation des Anciens quine font pas toüjours de bonne foi. Que fi les Flamands & le refte des Iroquois ne veulent point entrer dans aucun accommodement , ils

es laifferont & fumerent paifblement {ur leurs nattes, | |

15 & Maximes de Iroquois. NE = L'on eut crû éfeétivement queles Aniez parloienc de bonne foi ; le Pere Bruyas efuité, Miffionnaïre du Saut, ne favoir qu'en penfer, & le Pere Lamberville pouvoit aufli s’imaginer que tout ce qu ils difoient fur fincere: ; | Ils répondirent jufte à toutes les que- tions qu'on leur faifoit : le Chevalier de Callieres les fit venir à Montreal fans fe mêler des propofitions de Paix qu'ils a- “voient püù faire à nos Sauvages , aufquels “en laifloit le foin de cette “negociation. Îls aprirent en même temps que le Che- valier d'O , qui avoir été envoyé l’année precedente” par le Comte de Frontenac, avec cinq François , de la part d' Aariouaé, ‘avoir été mené à Manathe, qu ils en a- voient brûlé deux chez les Onnontaguez & les Tfonnontouans, Il ya quelquefois bien da rifque d’ailer trouver ces Barba- res pour traiter de quelques accommode= mens, car ils font brûler fans autre expli- _gation les Députez qu’ on leur envoye. Le Chevalier d'O fat même attaché au Po- teau à la follicitacion des Anglois, mais quand il fuc queition d’en venir au Fait l'E roquois voulut que l'Anglois commença le premier : celui-ci s’en défendit parce qu’il dit que ce n'étoit pas la maniere des Européens de brûler. Les Iroquois qui

Me Hifloires dés M PTT

vouloient que l’aétion fut commune ne le

firent point aufli.

4 on examifa de prés la conduite de ces Sauvages qui paroifloient prendre af

fez de part à nos interêts.

Il étoit à propos de faire favoir au* Outaouaks l'heureux fuccez de la levée

du Siege de Quebec :cette nouvelle ne pouvoit que les encourager dans les bon- nes difpoftions ils étoient l'année _Pré- cedente. Courtemanche qui avoit été en VOyÉ exprés S ‘acquita de cet ordre, iltrou<

va qu'ils avoient déja envoyé leurs guer=

riets contre les Iroquois éfperant même de faire partis inceffamment le refte.. Les: Miamis & les Ilinois qui font à plus de deux cens lieuës des Outaouaxs s’éroient mis auf marche ; tous ces Partis de

nos Alliez embarafloient extrémement les Iroquois. Les Tfonnontouans qui étoient :

plus à portée de l’infulte de leurs ennemis

furent contraints d'abandonner leur Vil- lage par la grande perte qu'ils firent de leurs guerriers ,. & le joignirent aux Go- yogouens.

L'avis que l’on avoir , Monfieur, ; que

ces huit cens Iroquois devoient venir ; \

obligea les habitans de fe tenir fur leur

garde , & de ne point trops ‘expofer dans

les campagfiess Tous ces grands projers

A"

& Mimi des Troquois, 133

#boutirent à peu de chofe ; il y eut pour- tant quelques habitans qui. tomberent en-

tre leurs mains , ils brûlerent des habita- tions n ‘ofant bre aucunes tentatives aux

Æændroits ils croyoient qu'il y auroit

la reliftance.

L’Iroquois eft plus hardi dans le bois

qu'à râfe campagne , c’eft fon fort que

pouvoir attraper un arbre , il voltige à l'entour avec tant de foupleife qu'il lui fuffit de le joindre ; il a l’adreffe de fe met. tre à l'abri du fufl quand même l'arbre

. he feroit gros que comme le corps d’un

_pées à couper

homme, c'elt un efpece de retranchement pour lui, & lors qu'il peut prévoir le coup 1l fe Er de côté en travers pour en parer

la balle.

Les froquois poufferent leur entreprifé

plus loin que l’on ne penfoit , ils vinrent

jufques à à la Montagne de Montreal , les Éeminés Sauvages étoient pour lors occu- Fe bleds , ils en enleverent plufieurs, Deux cens François & Sauvages vinrent au fecours fous la conduire ra Bienville ; ceux. ci furent prêts de donner deffus lors qu'ils reconnurent que c’étoit des Aniez , ils délibererent s'ils les atra- queroient ; caufe des pourparlers qui s'é- toient paflez entr'eux au fujet de la Paix.

Enfin nos Sauvages, dont le ROBES étoit

Ê34 | “Elifloire des ass 1 bien plus confiderable que les François

ne voulurent point charger ces prétendus h: Alliez , dont quelques-uns prirent parti . avec ceux-ci, qui parurent contens des. propoli tions que les Aniez qui étoient dé- |

ja venus aveient faites aux Sauvages du Saut, & qui aprouverent celles de Paix ou de Neutralité par Once l'un de leurs Chefs. | |

Le Chevalier de Vaudreuil comman=- dant des Troupes ne fut pas fi indulgent

dans une occafon il rencontra qua-

rante à cinquante Onneyouts. En éfet, de Mine Capitaine examinant à la cote de Repentigni les monvemens des ennemis , en aperçût quelques-uns qui fe LORGIÈRE affez tranquilles dans une maifon aban- donnée, il fe retira dans de petites Ifles tout proche pour f ne leur pas donner om- brage.

real peu de re aprés avec Auriouaé, joignit de Mine : les deux Partis entoure-

De Vaudreuil qui éco parti a MO |

rent cette true avec toute la précau- :

tion poffible, de maniere que perfonne ne

s’en pouvoit fauver. L'on trouva à vingt !,

_pas des Iroquois endormis que l’on tua d'abord , le refte fit une grande refftance dans certe retraite , faifant un feu conti- _muel par Îles fenêtres & les meurtrieres a lg

2

Aasimes des Froquois 413$

qu'ils avoient faites , & tuërent cinq à fix François, entr'autres Bienville, Quandils virent que l’on avoit mis le feu de tous co- æ&ez ils firent de petites forties , mais ils pe- rivent la plufpart ; il y en eût de brülez dans la maifon , l’on en prit cinq dont les habitans en brûlerent trois pour fe ven- ger de la mort de leurs parens , il falut en venir à ces extremitez parce qu'ils fe feroient trop perfuadez que nous les euf- fions trop ménagez ,& en les rraitant a- vec la même dureté on leur feroit con- noître que quand ils tomberoient d'oré. navant entre les mains des François ils fe - reflouviendroient de tous les maux qu'ils leur avoient fait fouffrir : ce petit échec _rallentit un peu leur ardeur, ils s’imagine- rent d’autres ftratagêmes. Ils renvoyerent pour cer éfet deux Femmes Sauvages qu'ils

_avoient prifes, 08 EE d'un com- pliment de cond6leance qu'ils vouloient #aire par un Collier à la famille de faint Helene, qui mourur de fa bleffaïe au Sie.

ge de Quebec. En ren Ils en envoyerent un fous terre fecrete_ ment à Louis Ateriata Iroquois du Saut, Filleul du Roi, qui conferve precieufe- ment une Médaille dont Sa Majefté l'a honoré. Ce Collier l’exhortoit & fa Fa- mille de-fe retirer parmi eux, & d'amener

Tome JIL, IN

636 Aijtoire des Maur :

le plus qu'il pourroit des gens du Saut; Tannouraoua , lroquois de la Montagne, en eut un auf: ils demandoient réponfe par un Tfonnontouan qu’ils reclamoient pour leur en aporter la nouvélle , & les | menaçoient tous deux de ne les point é- | pargner lors qu'ils attaqueroient Mont- real. Louis Ateriara & Tannouraoua firent peu d'état de ces menaces & des Colliers, | qu'ils mirent entre les mains du Cheva- lier de Callieres , Taflurant d’une fdelité | inviolable, 4 Les Iroquois attendoient donc des mo- mens favorables pour faire de rudes atta-” ques fur les Frañçois. L'on aprit qu'ils étoient à vingt lieués au deflus de Mont-

- real, au long Saut de la riviere des Outa- ouaks ,pour enlever tout ce qui viendroir de Michilinoaxinale dans l'attente de la recolte, Ils aprirent pendant ce fejour plu- fieurs nouvelles qui les dérournerent de - Jeur entreprife : ils favoient d’un côté que l'on faifoir deux cens canots pour aller fondre fur.eux ou dans leurs Villages, & de l’autre on leur vint dire que nos Alliez Faifoiens des courfes continuelles chez Eux qui caufoient de grands. defordres ; tous ces obftacles leur rent quitter prile, fe contentant de laiffer de petits partis pour gnlever 2 à droit & à a pans be des chevelures.

. f ;

& Jañimes des Iroguois. sg H y avoit déja dutemps, Monfieur, que

le Canada gemifloit dans la difetre des chofes neceflaires à la vie lors que le So- Jeil d'Afrique arriva de France. L'arrivée

de Dutas Capitaine des Vaifleaux du Roi,

avec fa flotte , augmenta encore douze

jours aprés la joye publique, l'abondance

regna donc tout à coup dans ce vafte païs _par la bonté du Prince qui eut pitié de fon _ peuple , mais quand on aprit par ces Vaifa _ feaux la prife de Mons, il eft difficile d’ex-

primer les tranfports de joye que tout le

monde fit paroitre.

Des Outaouars qui</